Brésil : du Pentanal aux chutes d’Iguazu.
Le Pentanal Brésilien, c’est une immense zone de marais dans laquelle on peut pénétrer en véhicule, plus ou moins profondément selon la saison et l’état de la piste. Nous y avons observé pourtant moins d’animaux que dans la partie Bolivienne et avons été surpris de constater que le long de la route nationale, la faune est autant sinon plus abondante. C’est là que nous avons vu par exemple les caïmans et les toucans en grand nombre.
Le Brésil, c’est aussi pour nous une nouvelle langue que nous ne maîtrisons pas. Très chantant, avec des oscillations et des intonations qui rappellent tantôt l’arabe, tantôt l’Asie du Sud-Est, le portugais nous a amusés autant que les Brésiliens, joviaux, souriants et accueillants.
La route qui nous mène aux chutes d’Iguazu traverse la province du Mato Grosso, qui fut il y a peu de temps, une forêt vierge. Il n’en reste rien. 5'000 m2 de forêt disparaissent chaque seconde, soit un terrain de foot toutes les 2 secondes. On traverse désormais d’immenses étendues de terres cultivées et surexploitées sans vergogne. Ici, le soja transgénique fait office de vedette nationale et les nouveaux empereurs s’appellent Do Santos, Cargill, Roundup et compagnie. Petit tour d’horizon.
Laissons un instant de côté le déboisement, dont l’ampleur est carrément hallucinante. Les terres déjà cultivées sont également rachetées, sinon spoliées, aux brésiliens et aujourd’hui aux paraguayens, par des américains, des chinois et des européens (dont la France en tête de liste) en manque de surface cultivable. Gare à ceux qui refusent de vendre ; des hélicoptères déversent alors des tonnes de produits néfastes sur les plantations non désirables, forçant les propriétaires à plier l’échine. Les plus résistants se font tout simplement déloger à coup de fusil et de massacres nocturnes, ce que tout le monde passe sous silence par craintes des représailles. Elle est belle l’agriculture contemporaine !
En un temps record, une poignée de multinationales mafieuses engrainent des profits records en produisant du soja, dont le seul but est de nourrir des vaches. Car c’est bien là le problème ! La consommation de viande ne cessant de croître, il faut nourrir les animaux qui deviendront des steaks, des filets ou des entrecôtes dans les assiettes et sur les grills. Or, fabriquer des steaks de viande avec des céréales est aussi absurde que de servir du pétrole dans un verre à vin.
Traverser cette région, nous donne l'occasion de partager avec vous une prise de conscience que nous avons faite au cours du voyage et qui motive aujourd'hui notre décision de manger végétarien.
Pour produire un kilo de viande en nourrissant les animaux de céréales, il faut environ 15'500 litres d’eau, soit l’équivalent de 42 ans de boisson potable pour une personne buvant 3 litres d’eau par jour. Avec 15 petits steaks de viande, on consomme donc plus d’eau potable qu’il nous en faut pour toute une vie…
Aujourd’hui, l’eau potable ne représente que 0,002% de toute l’eau présente sur terre, soit moins de 4 litres à l’échelle d’un bassin olympique. Imaginez le désastre, quand au niveau mondial, la moitié de cette eau potable est utilisée pour les animaux d’élevage. Mais les habitudes et les croyances sont ce qu’elles sont. Sans viande, pense-t-on, on ne peut se porter bien, elle seule apporte les protéines dont nous avons besoin. Sans entrer dans une leçon de nutrition, sachez que les légumineuses, les champignons ou le soja justement apportent plus de protéines que la viande la plus dopée. Tout cela, sans antibiotique, sans colonisation et sans massacres humains pour s’arroger des surfaces cultivables.
Pour conclure, si revenir en arrière semble inconcevable, sachons au moins que la production actuelle de soja nourrirait 7 fois plus de monde si l’homme le consommait directement au lieu de le donner aux vaches. Malgré cela, ce sont 90 % de la production mondiale de soja qui vont aux animaux d’élevage et bientôt un milliard de personnes souffrant de malnutrition sur la planète.
Combien de temps encore, continuera-t-on alors à gaver de soja des vaches qui, soit-dit en passant, produisent autant sinon plus de gaz à effet de serre que nos pots d’échappement ? Combien de temps encore les hommes détruiront leurs estomacs, intestins et artères en les forçant à assimiler quantité de viande indigeste, tandis que sur la planète, 25’000 personnes meurent chaque jour de n’avoir rien à digérer ?
Bidonvilles
Nous avons traversé essentiellement des zones de campagne au Brésil et pourtant… A plusieurs reprises, nous avons aperçu au détour d’un pré des bidonvilles qui contrastaient fortement avec les villas et jardins engazonnés des environs. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas été confrontés à un tel clivage entre riches et démunis.