Octobre-Novembre 2011 : Marbella (Espagne)
Lisez nos premières impressions en foulant à nouveau le sol européen après trois ans d’absence. Découvrez aussi les photos de ce qui risque de remettre en question nos plans…
La vie de camping
 
Les enfants ont bondi dès le premier jour sur l’animateur Manu et appris par cœur le programme des activités : mini-club, pétanque, escalade, patins à roulettes, skate, tir à l’arc, shooting, piscine et LA mini-disco avec ses chorégraphes stéréotypées qu’ils ont apprises avec entrain. Chaque heure de la journée a son activité et il a fallu faire preuve de souplesse pour adapter le programme scolaire à celui des divertissements.
 
Le contact s’établit facilement entre Manu et les enfants. Le premier est impressionné par leur maturité, serviabilité et leurs récits. Les seconds aiment sa compagnie, son intérêt et sa disponibilité. Les week-ends, lorsque le camping se remplit de familles espagnoles, Max et Loane se transforment en aide moniteur, accompagnant les plus petits au mur d’escalade, secondant Manu dans l’organisation.
 
Chaque week-end, ce sont aussi de nouvelles familles qui prennent possession des lieux et autant d’enfants. L’occasion pour Max, Loane, Sam et Zoé de se faire de nouveaux copains. Du coup, notre page facebook prend du volume, comme à chaque fois le cœur de nos loulous qui ne cessent de s’enflammer !
 
Chaque matin, Thierry rejoint ses copines sexagénaires pour des séances de pilates, yoga ou gymnastique, tandis que Véro empoigne ses bâtons et fait le tour du golf et des alentours d’un pas soutenu. Objectif : remise en forme après des mois d’inactivité sportive.
 
Heureuse et soulagée d’avoir retrouvé un emploi, Mémé nous a rejoint ici en Espagne pour une dizaine de jours. Elle y avait renoncé en Amérique du Sud, la fermeture de la station service qu’elle gérait la mettant dans une situation critique. Les retrouvailles ont fait chaud au cœur de chacun et les au-revoirs  furent supportables ; il n’y a plus très long avant de se revoir pour de bon.
 
C’est donc en compagnie de leur mémé que les enfants ont fêté Halloween, sous le regard attristé de Thierry qui avait tout bonnement oublié que pareille invention avait été faite sur terre…
 
Et puis, il a fallu se remettre au goût du jour. Que s’est-il passé en trois ans sous ces latitudes. Connectés en permanence à internet, nous avons visionnés de nombreux reportages de la télévision suisse romande et fait de belles découvertes. Il existe en Suisse de très beaux projets intelligents qui nous donnent espoir. Sont-ils nouveaux ou avons-nous seulement appris à ouvrir les yeux ?
 
Sur les chaines françaises, l’émission Capital Terre nous a particulièrement séduits en mettant des mots, des images et des témoignages sur tout ce que nous avons vu, deviné ou découvert au long de nos aventures. Ce genre de documentaire prend une nouvelle dimension pour nous, parce que les images et les problématiques soulevées nous rappellent des souvenirs, nous avons vu, touché, senti ce dont il est question. Nous sommes concernés, non spectateurs.
 
Voir les reportages M6 Capital Terre :
Consommer sans piller la planète
Je mange équilibré, ils s'enrichissent
Quelles solutions pour vivre sans pétrole
Arrivée de Casita
Les démarches sont très simples : pas besoin de transitaire, Thierry et Max se rendent en personne à la douane, y remplissent un formulaire et prennent rendez-vous avec le terminal pour décharger le container. Sur place, tout est là, bien emballé. Pourtant…
 
Le toit de la cellule est défoncé en plusieurs endroits : au niveau de la capucine, la fenêtre de toit est détruite,  la capucine elle-même est enfoncée en son milieu, les deux caisses en aluminium fixées sur la galerie sont démolies, la structure de la galerie et pliée et enfoncée par endroit dans le toit…
 
Thierry lit à Véro le rapport qu’il rédige à l’intention de la compagnie maritime. Lors d’une manipulation, la grue qui a soulevé le container a frappé violemment le toit de notre maison et…
 
à l’intérieur, le plafond de la capucine est détruit, le bois de la structure est défoncé, les meubles et étagères sont affaissés et pliés, des fissures sont visibles en divers endroits du plafond de la cellule et sur les parois. A l’arrière, le toit est rabaissé de dix centimètres environ… L’eau s’est infiltrée…
 
Nous sommes catastrophés… C’est la fin du voyage, pleure Max. Peut-être, admet Thierry en le prenant dans ses bras. Réunie au camping, la famille se console et se rassure tant bien que mal… Puis, sans se laisser le temps de pleurer, Thierry et Véro prennent les choses en main, envoient des mails, expliquant les dégâts ici, demandant des devis par là, réclamant du soutien ou des conseils là-bas…
 
A l’heure où nous écrivons ces lignes, un expert est venu inspecter les dégâts et l’ami de la famille travaillant chez MSC a pris des nouvelles et offert son appui. Enfin, une inconnue employée au service juridique de la compagnie maritime nous a contactés et déclaré :
C’est bizarre ce dossier pour moi… Je suivais depuis longtemps votre voyage sur l’internet… On va faire tout pour que ça se passe bien…
Photos de famille, novembre 2008.. 3 ans déjà !
A suivre…
Nous venons de fêter nos trois ans de voyage, trois ans sans encombres, trois ans de joies et de découvertes tous ensemble. Les moments durs, nous les avions connus avant de partir et déjà, nous y avons trouvé l'occasion de souder nos liens encore plus fort. Aujourd'hui, notre équipe est béton !
Europe
 
Bizarrement, nous appréhendions plus d’arriver en Europe que de repartir en Afrique. Comment réagirions-nous au mode de vie, aux prix, au climat, aux gens ? Nous nous souvenons de notre difficulté à revenir en Suisse en 2005 après un voyage de 5 semaines au Maroc. Comment cela se passerait-il après 3 ans, dans le monde entier ?
 
Choisir comme porte d’entrée le Sud de l’Espagne est une excellente idée. Le climat y est particulièrement clément, estival même. A peine posons-nous les pieds hors du bus qui nous conduit au camping dans lequel nous avons réservé un bungalow à Marbella, nous sommes emportés par la magie de la méditerranée. Les senteurs des pins nous enivrent, les chants des insectes nous bercent, les couleurs de la mer nous éblouissent. On aurait envie de dire que nous sommes chez nous, même si ce n’est pas tout à fait vrai. Retrouver ainsi des aspects familiers apporte tout à la fois un apaisement et une angoisse, celle de la fin du voyage qui approche. Pour les enfants, c’est différent. Sam s’extasie devant la beauté de la mer, Zoé découvre des paysages dont elle n’avait pratiquement aucun souvenir, pour eux, sans aucun doute, nous sommes en voyage. En sera-t-il de même de retour en Suisse ? C’est possible. Les images du monde nous ont offert tant de diversité, de surprises, de changements… Par les yeux des enfants, nous comprenons combien nous sommes devenus capables de nous émerveiller de tout et de nous adapter à ce qui nous est offert. Nos souvenirs sont entachés d’erreurs, créées tantôt par notre mémoire, tantôt par un progrès auquel nous n’avons pas assisté…
 
En Espagne, nous ne nous attendions pas à découvrir un parc automobile si luxueux par exemple. Les supermarchés sont encore plus léchés et fournis que nous l’imaginions. En revanche, les prix y sont incroyablement bas. 8 yogourts nature pour moins d’un franc suisse, une bûche de fromage de chèvre pour un euro cinquante. C’est moins du tiers de ce que nous aurions du payer outre atlantique pour ces marchandises… Le pain chez le boulanger est en revanche inabordable, tandis qu’au supermarché, on achète par kilos des pains aux céréales complètes. Le diesel est plus cher que partout dans le monde, comme on s’y attendait.
 
Une fois dans le camping, c’est le choc ! A mi-octobre, c’est pratiquement plein. Un coup d’œil sur les plaques nous permet de comprendre : GB – L – Fin – S – DK – D – Sco. Pas de doutes, il y a bel et bien des régions d’Europe qu’on préfère fuir à l’automne !! Les retraités du Nord coulent ici des jours paisibles et ensoleillés dans des maisons roulantes aux tailles improbables. Camping-cars de 10 à 12 mètres, 5ème roues aux flancs qui s’élargissent, salons en cuir, écrans plasma géants, petits jardins aménagés devant des caravanes couleur neige fraiche. Tout cela est irréaliste. Par curiosité, nous cherchons la valeur de ces engins sur internet : les premiers prix sont déjà bien au-delà des 100'000.- euros et rares sont ceux qui ne valent pas le double !! On se croirait dans une marina pour yachts en cale sèche !! En souriant, nous imaginons l’effet que produira notre baroudeuse de Casita en débarquant dans cet univers fastueux…
 
Une promenade sur la plage nous permet de profiter de nouvelles odeurs marines fort agréables et de découvrir une autre clientèle de la région : les nudistes, en particuliers des hommes de tous âges qui se passent probablement le mot comme cela se faisait déjà il y a 20 ans à Mykonos. Apparemment, la Grèce et l’Espagne ont plus de points en commun que leurs finances scabreuses… Comment imaginer d’ailleurs que l’argent manque par ici ? Aussitôt après le sable, passe l’autoroute, qui traverse par endroits des lotissements de villas. Derrière l’autoroute, on trouve les campings, les zones résidentielles et les golfs, une demi-dizaine sur 10 kilomètres !
 
Cependant, on ne peut pas dire que la région soit aussi saccagée que ne l’est la Costa Brava par exemple. Dès qu’on s’éloigne de la mer d’une dizaine de kilomètres, les paysages se font collines et montagnes, plantations d’oliviers et nature pure sur des milliers d’hectares. Une cinquantaine de kilomètres plus loin, nous découvrons Ronda et sa ville bâtie sur des falaises. Petites ruelles et ambiance pittoresque caractérisent cette bourgade de l’arrière-pays.
 
A Marbella, le marché offre une atmosphère authentique et quelques couleurs exotiques. Le détroit de Gibraltar est tout proche, l’Afrique s’invite sur les stands avec ses lots de breloques, de cuir et d’artisanat. La population locale est métissée, beaucoup plus qu’on ne peut le voir en Amérique du Sud par exemple. Musulmans blancs, beiges ou noirs côtoient des espagnols basanés et des immigrés du Nord aux cheveux blonds et à la peau rougie par un soleil inadapté à leur teint blafard.
 
En général dans la région, les gens sont accueillants et souriants, les commerçants sont sympas et serviables. Conformément à nos souvenirs, les espagnols savent s’amuser et prendre le temps de vivre ensemble. Souvent l’ambiance est bon enfant et joviale. Récemment quelqu’un nous avait demandé quel était le peuple le plus joyeux que nous ayons rencontré. Question originale, qui nous a un peu pris au dépourvu. En y réfléchissant, les indiens d’Inde savent rire et s’amuser simplement. Les espagnols aussi.
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