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Décembre 2009. Inde, Côte Est de Pondichéry à Calcuta
 
Auroville : du concept abstrait aux amitiés sincères.
Auroville. Voilà une destination qui nous interpellait et qui éveillait notre curiosité. Kesako ? En deux mots : Sri Aurobindo, penseur, philosophe, poète et écrivain indien a créé à Pondichéry un Ashram afin de dispenser son enseignement et promulguer ses théories et visions, en particulier sur le principe du yoga intégral. Dans les années soixante, une française trouve en cet homme son âme soeur et se connecte sur le même canal énergétique. Ensemble, ils créeront Auroville, mais rapidement ce projet devient celui de la femme, qui se fera appeler La Mère. Le projet ? « Il doit y avoir sur terre un lieu qui n’appartienne à aucune nation, aucun pouvoir et aucune religion, dans lequel les êtres humains de toutes provenances puissent se développer et se réaliser. » Auroville était née. Quelques années plus tard, le Matrimandir voyait le jour, sorte d’énorme sphère couverte d’or, à l’intérieur de laquelle les personnes autorisées viennent méditer et qui représente le coeur et l’inspiration spirituelle d’Auroville.
Nous étions partagés entre scepticisme, curiosité, intérêt et espoir. Thierry voyait dans ce projet une éventuelle concrétisation de la vision qu’il développe depuis quelques années avec ses partenaires professionnels. Véro attendait avec impatience de lire les droits et devoirs des Auroviliens pour se faire une meilleure idée du concept. La seule réponse qu’elle aura reçue est : « pas de règles... » Mais ça, c’est pas une règle ? Le scepticisme persiste. Les enfants s’en fichaient éperdument ! Nous avions imaginé aller à la rencontre des Auroviliens pour les questionner, les interviewer en fait, et récolter un maximum d’informations et mieux comprendre Auroville. Au final, nous avons laissé Auroville venir à nous. Nous nous sommes installés devant l’une des communautés et y sommes restés 10 jours. C’est ainsi que le même jour, nous avons recueilli les impressions d’un Coréen qui quittait Auroville, après avoir passé sept mois à lutter contre les paradoxes et incohérences du lieu et celles de Cynthia, une jeune italienne qui venait juste de terminer son entretien d’admission dans la communauté, où elle s’installe avec son mari et ses deux enfants. Outre leurs témoignages, nous avons observé comment les choses se passent, les conflits latents, les non-dits, les maladresses de communication, les passe-droits, les abus et les démarches sincères et touchantes de certains. En bref, il y a de tout à Auroville et nous ne garderons ici que le meilleur.
Tout d’abord, les copains ! Dès la première minute, les enfants ont rencontré Jaya et Alexis. Francophones tous les deux, ils avaient en outre le même âge. En dix secondes les présentations étaient faites. Une minute plus tard, les voilà qui sautaient dans les flaques, se pendaient aux lianes, se prêtaient les vélos et se couraient après. Pendant 10 jours, il n’y a eu que du bonheur, pas un cri, pas un pleur, pas de tensions ni coalition. Le groupe était homogène. Il a rapidement été enrichi par la présence de Julie et Mathéo, deux enfants partis en voyage avec leurs parents une année plus tôt, version sac au dos. Puis Ava, 4 ans, qui a scotché tout le monde avec son grand écart. Nous avons assisté au traditionnel bal des « ce soir je dors chez eux et demain elle vient chez nous... » ainsi qu’aux « on va manger au Corner avec eux... ?!!! » ou « ils nous rejoignent à midi à la cabane à frites » « cet après-midi on va à la piscine avec... », etc. En bref, les enfants ont déployé leurs ailes et ont plané.
Zoé, de son côté, a créé une amitié puissante avec Isabelle. Isabelle est une ex-enseignante franco-suisse, qui a fréquenté les bancs scolaires genevois et vaudois. Il y a eu un truc entre les deux ! Une magie. Zoé n’a plus lâché Isabelle d’une semelle, pour leur plus grand bonheur à toutes les deux. Isabelle a été pour nous aussi un papillon multicolore qui nous a émerveillés, fascinés et émus. Fraîche, spontanée et sincèrement joviale, elle nous a contaminés de sa joie de vivre. Au moment de la quitter, nos gorges étaient très serrées.
 
Si les enfants ont partagé des moments intenses de jeu et d’aventures, Thierry et Véro ont également eu leur lot de belles rencontres. Caroline, la maman de Jaya nous a touchés en plein coeur par sa franchise et ses questions simples et directes. Son histoire de vie, ses choix, ses doutes, ses certitudes... C’est tellement bon de parler vrai, de parler humain. Avec Paola, son amie finlandaise qu’elle n’avait pas vue depuis des années, elles nous ont aussi fait rire de bon coeur. Entre profondeur et légèreté, les soirées passées ensemble nous ont permis de nous connaître instantanément, sans détours. Idem avec Thomas, un jeune français venu à Auroville pour se poser et développer ses compétences en matière d’installation solaire après 4 années de voyage autour du monde. Aujourd’hui, il est sur le point de démarrer une entreprise dans le domaine. Et puis, Yonel et Agnés, les parents de Julie et de Matheo. Domiciliés à la Réunion, ils ont pris un an sabbatique pour parcourir quelques régions du monde avec leurs deux enfants et s’offrir un temps de réflexion et de découverte des possibles. Le récit de leur parcours d’adoptant nous a pris au bide. Bon sang quel courage ! Et quelle belle famille aujourd’hui ! Génial ! Il y a aussi eu Barabara, la maman d’Alexis, qui s’est montrée tellement généreuse et serviable. Et encore Louis, qui a flashé sur notre périple et qui nous a accompagné chaque fois qu’il l’a pu, pour partager quelques instants avec nous. En résumé, notre bivouac à Auroville s’est transformé en un lieu de rencontre, de passage, d’échange, de départs, de retours, de projets... Un lieu de vie puissant, farouchement vivant et BEAU ! Merci à tous ceux qui ont passé là.  
 
Les visites : innombrables...
Nous n’avons pas compté le nombre de visiteurs... Nous avons en revanche conservé dans nos coeurs ceux qui ont compté pour nous ! Nous pensons en particulier à ces enfants indiens, vivant dans le village d’à côté. Ils ont passé trois jours avec nous, à jouer aux playmobil, lego et poupées avec Zoé spécialement. Rires, dessins, repas... Ils ont partagé des moments de complicité pure et nous ont émerveillés. Drôles, polis, respectueux et curieux, ils ont découvert notre univers avec joie et nous le leur avons ouvert avec enthousiasme. Ils étaient tout autant intéressants qu’intéressés, c’était bluffant ! Si l’avenir des relations entre Auroville et les villages indiens repose sur leurs épaules et que cela serve d’exemple à large échelle, alors, la planète a de belles années devant elle !
Conférence : une première...
Sur l’initiative d’Agnès, nous avons organisé une petite conférence à l’attention des enfants de la classe francophone de la communauté « New Creation » devant laquelle nous bivouaquions. L’expérience fut l’occasion de faire un travail de préparation en famille. Elle fut aussi la première d’une série que nous nous prenons à rêver...
 
Sadana Forest : une communauté exemplaire d’Auroville
Nous avons choisi de visiter la communauté de Sadana Forest pour mieux nous rendre compte de ce que peuvent être les projets menés à Auroville. Nous y sommes allés le soir du 6ème anniversaire de sa création. Sadana Forest est un projet de reforestation et de village écologique. Ceux qui ont vu le film « La belle verte » peuvent s’y référer pour se faire une idée de la vie qu’on y mène. Les constructions sont des huttes en palmes de cocotiers. Les fourneaux à bois sont spécialement conçus pour réduire la consommation de bois. Les toilettes sèches permettent la création d’un composte de qualité, tandis que de petites astuces permettent l’économie d’eau et d’électricité. L’énergie solaire n’est pratiquement pas stockée dans des batteries, mais directement utilisée quand elle est disponible. Un système de vélos permet de créer de l’énergie supplémentaire si nécessaire. Nous avons passé une magnifique soirée dans cet endroit simple, au menu végétalien et à l’ambiance bon enfant. Ici, les résidents comme les bénévoles savent où ils vont et ce qu’ils font. Le travail est rude et intense. A Sadana Forest on est loin du camp de planqués venus se la couler douce à Auroville. Il y a une vision, un leadership et une collaboration hors du commun.
Auroville : pourquoi y vivent-ils ?
Nous ne ferons pas ici un compte-rendu exhaustif, mais nous avions juste envie de partager deux témoignages. Comme la plupart de ceux que nous avons rencontrés, ce qu’ils aiment à Auroville, c’est la liberté d’entreprendre, la liberté d’apprendre et les innombrables possibilités qui existent ici. Cynthia nous a confié : « je peux imaginer n’importe quoi, avoir envie de n’importe quoi et je peux le faire. Si je veux suivre une formation, je peux. Ouvrir une école ? Je peux. Créer ? Je peux. Vendre ? Je peux. Apprendre ? Je peux. Tout ce que je veux, je peux le faire, sans aucune limitation. Auroville est au service du développement et de la réalisation de soi. Pour les enfants aussi, c’est génial. Ils peuvent tout faire. Le système scolaire est fantastique. Basé sur les projets, la nature et l’exploration du corps, du mouvement et des arts, il apporte un équilibre que nous n’avions pas en Italie. Ici, nous allons nous développer beaucoup plus vite qu’en Europe, parce qu’il y a le temps et les conditions pour le faire. »
 
Il y a une autre personne qui nous a touché. Tim. Anglais, en 1973 il a fait un voyage d’un an à travers l’Afrique et l’Inde avec sa femme et ses deux enfants. De retour en Angleterre, il a tenté de se réinstaller. En vain. Son coeur était ailleurs. A Auroville. Il est donc venu s’y installer. Notre présence ici lui a rappelé des souvenirs. Il nous a offert de la documentation sur Auroville. Celle que nous voulions trouver. Elle aussi est venue à nous sans que nous ayons à la chercher. Comme Caroline, il a trouvé ses racines spirituelles à Auroville. C’est ici qu’il est chez lui, en harmonie avec l’énergie, avec lui-même. Il croit sincèrement à la beauté de cette expérience et en son potentiel.
 
Auroville : Aurovoir...
En fin de compte, nous n’avons pas trouvé à Auroville ce que nous y cherchions. Aucune réponse probante à nos questions. Nous repartons de là avec les mêmes questions, les mêmes doutes et des impressions mitigées sur le concept et l’endroit. Mais nous repartons d’Auroville avec quelque chose que nous ne pensions pas y trouver : l’amitié. Loin du Matrimandir que nous n’avons même pas vu finalement, sauf Zoé qui y est allée avec Isabelle, loin des prises de tête, des tentatives de compréhension, des concepts intellectuels et des incohérences du système, nous avons reçu dans nos coeurs de nouveaux amis. C’est donc le coeur comblé et gros que nous quittons cet endroit unique sur terre. Aurovoir les amis et MERCI pour tout. Que votre chemin vous émerveille comme votre accueil nous a enchantés !
Remarque : pris dans le tourbillon Aurovillien, nous n'avons même pas pris  le temps de faire des photos de tous... Il nous manque Caroline, Paola, Barbara, Cynthia... Merci à vous de nous en envoyer par mail...
 
En fin d’année 2009, nos coeurs se sont parfois serrés à la pensée de nos familles et amis qui nous manquent. Est-ce pour cela que les rencontres que nous a réservées Auroville ont été si riches, intenses, sincères et directes ? Nous avons scellé de nouvelles amitiés, de celles qui ne s’expliquent pas et qui apportent réconfort, complicité et humour. Ensuite, nous avons fêté en famille, l’anniversaire de Loane, puis Noël. Tout cela, sous les yeux amusés des sempiternels pèlerins indiens, toujours présents et souvent bruyants...
 
Pondichéry : des attentes déçues...
Nous avions beaucoup d’attentes à propos de Pondichéry. Dans cette ancienne colonie française, nous espérions échanger quelques livres et en acquérir de nouveaux en français. Nous pensions aussi y trouver un lieu accueillant où l’on se serait senti un peu à la maison... Que néni ! L’alliance française nous a laissés sur le pas de la porte parce que nous n’étions pas membres. Les librairies francophones n’ont pas accepté le principe de l’échange de livres et ont offert un choix très pauvre d’ouvrages dans notre langue. Quant à la ville, c’est celle qui nous a semblé la plus sale depuis notre arrivée en Inde. Inhospitalière, particulièrement polluée, elle n’offre aucun intérêt. Nous avons donc rapidement levé le camp, sans regret.
 
A Mamalapuram, nous avons fêté l’anniversaire de Loane, sur le toit de Casita comme d’habitude ! Depuis, elle confectionne bracelets, ceintures et autres créations perso à l’aide du matériel de couture et de broderie qu’elle a reçu pour ses 11 ans. Puis, ce fut Noël, toujours sur le toit de Casita… Les enfants ont cherché une branche d’arbre qu’ils ont fixé sur la gallerie avant de la décorer de guirlande confectionnée par eux-mêmes et autres découpages. Un immense MERCI au Père Noël qui une fois de plus a trouvé notre emplacement et a livré ses belles surprises à toute la famille ! Tout ça par 29°C en soirée, au clair de lune, après des journées de temps sec et ensoleillé, franchement, c’est le pied !! Nous avons pensé aux -10°C qui sévissaient en Suisse, sans vraiment réaliser...
Mamalapuram nous a aussi permis de trouver des messages laissés pour nous par la Tortue Sélène (rencontrée à Dubai, souvenez-vous !) et par Angaleo (avec qui nous traverserons le Tibet et la Chine). Tous ont passé chez Jean-Jacques, au Nautilus et nous ont laissé un petit mot, une petite surprise. Super cadeau de Noël, merci à vous ! Profitons de l’occasion pour remercier aussi Jean-Jacques qui tient le resto Nautilus et qui sert de la purée de patate qui nous a fait planer !! L’homme est généreux, ouvert et simple. Dans sa bibliothèque, nous avons échangé une dizaine de livres. Génial ! Nous avons apprécié son approche, sa démarche et sa sincérité. Bonne année à toi Jean-Jacques.
 
Santé : régime sans rien...
Depuis quelques temps, nos estomacs sont souvent détraqués... Alors récemment, Max a consulté un médecin à Mamalapuram, tandis que Sam a visité l’hôpital de Chennai. Nous qui pensions éviter cette grande ville, nous l’avons finalement traversée trois fois. Cela dit, l’hôpital n’avait rien à envier à nos hôpitaux  occidentaux, équipements et propreté sont clairement à la hauteur. Sur le plan pratique en revanche, les habitudes diffèrent :
- On va faire une injection. Il faut aller acheter la seringue au 4ème étage.
- Et pour les analyses de sang ?
- Ca fait 2000 Rupies, à payer à la réception. Ensuite, vous rapportez le reçu et on envoie les échantillons au labo...
 
En ajoutant à cela, la paperasserie, l’écoute nulle, les choix arbitraires et unilatéraux des médecins, nous ressortons de là rassurés sur les conditions sanitaires disponibles dans le pays, mais plus que jamais horrifiés des travers de la médecine actuelle et pire de la médecine privée !
 
Sur la route : suite du feuilleton...
« La famille de Toto est sur l’autoroute et écoute la radio qui annonce : faites attention une voiture roule en contresens ! Alors, le père de Toto dit à son fils : n’écoute jamais la radio. Regarde, il y en a des centaines !! »
Récemment nous avons eu l’impression d’être le père de Toto ! Pourtant, nous roulions sur la bonne voie ! Voir la video Totoroute
 
A part ça, les paysages que nous découvrons sont toujours autant variés. Nous traversons des cultures de riz, de canne à sucre, de cocotiers, de maïs, de bananiers et de coton. Autant de chargements saugrenus qui circulent sur les chaussées... Les temples également sont omniprésents ainsi que les statues et leurs peintures uniques.
 
Souvenir, évolution, changement...
Souvenez-vous du garde d’Emali, au Kenya, déguisé en Inuit et armé de son arc pour assurer notre sécurité aux abords de l’église. Assis au pied du feu par 29°C, il avait accepté sans hésiter le thé chaud que nous lui avions préparé. Nous avions alors de la peine à comprendre comment cet homme pouvait réellement souffrir du froid... Eh bien... Comment dire ?... Ces derniers temps, par 25°C en soirée, il nous arrive de revêtir un pull et de faire chauffer l’eau pour la douche...
 
Souvenez-vous : poulet, steak tartare, grillades et autres crevettes à l’ail... Pas un jour sans un morceau de viande ou de poisson. Eh bien... Comment dire ?... On ne peut plus. Notre régime a viré au végétarien pur, tout en conservant les oeufs et les produits laitiers. Il nous est devenu impossible de manger autre chose. Ca s’est passé comme ça.
 
Souvenez-vous : la cigarette et Véro. Ce mariage que rien ne semblait pouvoir rompre. Eh bien... Que dire ?... Elle n’y pense même plus et quand parfois on lui pose la question, ça lui paraît impossible de reprendre...
 
Et nous...
Quelques images vaudront mieux que mille commentaires...
 
A suivre
Nous sommes actuellement à Calcutta. Nous prendrons ensuite la direction de New Delhi en longeant la vallée du Gange...
 
Mamalapuram : c’est une anagramme de marmelade à purain ??
Disons-le tout de go : ça pue ! Presque partout ! Les pèlerins, en nombre toujours aussi spectaculaire, font leurs besoins où ils peuvent. En l’occurence, à côté de Casita. Alors, après trois nuits au même endroit, on ne faisait plus la différence entre les chiottes publiques et les alentours de notre maison, malgré les nombreuses astuces déployées pour chasser hommes, femmes et enfants venant se soulager trop près de notre chambre à coucher...
A part ça, ils sont beaux ! Très beaux ! Les pèlerins... Tout de rouge et orange vêtus, ils s’amusent, rient, chantent et s’éclatent littéralement. On dirait de grandes sorties de classe pour adultes ou familles. A peine le car s’arrête-t-il, que des hordes de pèlerins en descendent et se dispersent sur le parking, autour de Casita ou à l’assaut du temple à quelques centaines de mètres. Fabuleux. Un peu bruyant la nuit, décidément on ne s’y fait pas et peu ragoûtant dans leurs habituels raclements de gorges et crachats, ils continuent à nous amuser chaque fois qu’ils se regroupent devant Casita pour des photos mémorables.
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