Delhi : rendez-vous avec la Suisse
Nous passons à Delhi pour récupérer à l’ambassade, les passeports des enfants que nous avions fait renouveler depuis Mumbai et deux courriers que nous y avons fait expédier. L’un contenait les nouvelles cartes bancaires. L’autre une surprise : un album photo regroupant les photos de nos enfants et de leurs cousins et cousines. Idée géniale. Réalisation superbe. Un immense MERCI à Nany et Dady pour ce cadeau magnifique.
A l’ambassade, Thierry rencontre Laurent, l’homme à tout faire de la maison, de l’informatique à l’entretien des locaux et jardins. La discussion est directe, franche et amicale. Quelques secondes suffisent à se comprendre. Phénomène étrange lié à l’appartenance à une même culture. Non seulement on parle la même langue, mais on s’exprime avec le même accent, on a le même rythme de parole, on utilise les mêmes expressions et on partage les mêmes références. Aucun effort d’adaptation n’est nécessaire. Ca repose instantanément. L’ambassade suisse devient le temps d’une demi-heure, une oasis, un lieu hors du temps.
Chandigargh : escale bienfaitrice.
Equipés de nos nouveaux pneus dénichés non sans peine à Delhi, nous prenons la route plus loin en direction du Nord. Nous traversons une phase de fatigue depuis quelques temps. Les routes, la foule, le bruit, la poussière et plus récemment le climat, nous mettent à rude épreuve. Si nous avons pu parfois nous reposer brièvement ou partiellement à certains endroits, la fatigue ne cesse de s’accumuler. C’est peut-être pour cela que nous avons adoré Chandigargh. Un ailleurs en Inde. Une ville créée par Le Corbusier. Un lac artificiel. Une ballade qui longe le lac. Une promenade en famille, au rythme soutenu, en plein air, sans voiture, sans klaxon, sans pollution. Le bonheur tient à si peu de choses. Les enfants comparent cet endroit au Lac Léman. Ils apprécient visiblement. Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas marché ainsi, ailleurs qu’en ville ou dans les temples. Nos poumons se gorgent d’air, notre sang s’oxygène.
Le lendemain, nous visitons le Rock Garden avec ses sculptures de tout minéral et ses créations en matériau de récupération. Les capsules de bouteilles, les prises électriques ou de vieux bracelets en verre décorent divers personnages. Chacun a son favori. Loane apprécie ceux en bracelets. Max aime rechercher l’intrus avec Thierry, l’individu qui se distingue de la foule, comme cette sculpture qui porte un short rayé et en haut blanc au milieu d’une centaine de sculptures semblables, mais dont la tenue est inversée.
Amritsar. LE lieu de pèlerinage Sikh.
Le Temple d’Or qui ne dort jamais. Amritsar est la capitale de l’Etat du Punjab, à prédominance Sikh. Le Temple d’Or en est le lieu de culte. Couvert de feuilles d’Or, au milieu d’un étang sacré, le temple trône majestueusement au coeur d’une oasis spirituelle dans un chaos urbain. En son sein, des Sikhs assurent en relais la lecture en continu des écritures sacrées, jour et nuit, tous les jours, sans interruption...
Il en est de même du fonctionnement des cuisines. Ouvertes à toute heure du jour et de la nuit, elles servent quelque 40'000 repas par jour, gratuitement à qui vient s’y servir. Sikhs et non Sikhs. Pèlerins, touristes ou voyageurs. A la sortie : une boîte pour les donations. C’est tout. Ca fonctionne. Des dizaines et des dizaines de personnes oeuvrent pour que ce miracle de logistique perdure. Des hommes et des femmes coupent des centaines d’oignons, s’occupent des patates, des chapati (pain) ou de la cuisson dans d’énormes chaudrons pendant que d’autres s’affairent à la vaisselle. Le spectacle nous laisse bouche bée. Cet endroit est unique au monde. Nous le visitons deux fois, de jour et de nuit, afin d’en apprécier toutes les merveilles.
Le 13 avril 1919, sur la place Jallianwala, juste à côté du Temple d’Or, 20'000 Indiens s’étaient réunis pour protester pacifiquement contre l’occupation britannique, lorsque le général Dyer ordonna à ses 150 soldats d’ouvrir le feu sans autre avertissement. 6 minutes plus tard, on compta quelque 400 morts et 1500 blessés, innocents et désarmés. Sur place, nous avons vu les impacts des balles et le puits dans lequel certains avaient tenté de trouver refuge, pour la plupart en vain.