5ème Partie. Compte à rebours avant shipping
Avant notre départ de Suisse, une équipe de télévision de M6 préparant un sujet sur « les familles nombreuses en vacances » est venue tourner des séquences au moment où nous signions chez le notaire et remettions les clés de la maison. Ils avaient ensuite suivi nos premières heures de vie nomade.
Il y a quelques semaines, nous avons appris qu’il n’y aurait pas de suites. Entre les lignes, nous avons compris, que nous ne collions pas vraiment au sujet selon eux… Le récit qui suit tend à leur donner raison. Nous vous laissons en juger par vous-mêmes…
De retour à Durban, nous avons eu 2 semaines pour organiser le changement de continent. Dit ainsi, c’est simple. Voici, un aperçu de ce que cela dissimule :
Ecole. Pour ne pas devoir porter tout le matériel scolaire pendant nos trois prochaines semaines à pied et pour ne pas prendre de retard dans le programme scolaire, nous avons décidé de couvrir la matière de 3 semaines en 2 semaines seulement. C’est donc 7 jours sur 7 que les enfants et nous avons travaillé chaque fin de journée, entre 17h et 19h30…
Matériel. Avant de nous rendre en Inde, il nous fallait encore acheter du matériel spécifique pour Casita : pieds de rechange pour les tables, robinets, cadenas, verrous, loquets, équerres, bâches pour protéger Casita pendant le transport, sangles, etc. En outre, nous manquions de sac à dos et les enfants souhaitaient faire les achats trimestriels auxquels ils ont droit, avec leur argent de poche ! Il n’en fallait pas plus pour accumuler les aller-retour entre les plus grands Mall (centres commerciaux) de la région de Durban.
Santé. Avant de nous rendre en Inde, nous pensions judicieux de faire un passage chez le dentiste pour toute la famille. Faut prendre rendez-vous. « Le 2 septembre à 8h ». Désolé, Madame, mais ce sera trop tard, nous partons entre le 27 et le 30 août probablement. Ok, ça ira : le 20, pour les adultes et le 21 pour les enfants.
Shipping. Visite au dépôt, où nous chargerons Casita dans le container. Jusqu-là, on parlait d’un flat-rack (un fond de container, sans les côtés). C’est peu rassurant, quand on connaît le nombre de fenêtres sur Casita et la manière dont la porte se ferme…. En plus, ils n’ont pas de rampes pour faire grimper Casita sur ledit flat-rack (60 cm de haut). « On pourrait lever le véhicule avec une fourche d’élévateur ? » Exclu ! Nous préférerions opter pour un container open-top (container sans toit) ? Ca passe ? GENIAL. « Ce sera plus simple pour charger et beaucoup plus sûr pour transporter. Mais une fois dans le container, vous n’ouvrez plus les portes latérales… » Pas de problèmes, on va réfléchir au plan d’action.
Plan d’action. Quand Casita sera dans le container, Thierry passera de la cabine à la cellule, puis condamnera le passage depuis l’intérieur. Ensuite, il sortira par la fenêtre arrière. Loane, restera à l’intérieur, fermera la fenêtre et condamnera l’accès depuis l’intérieur. Elle sortira ensuite par la toute petite fenêtre de la salle de bain. On mettra un cadenas. De toutes façons, un adulte ne peut passer par là… Parfait. Il nous restera à bien bloquer l’accès à la capucine, qui sera le seul point faible du dispositif…. On verra comment faire…
Santé. Rendez-vous est pris chez le médecin A, pour un conseil. Il nous envoie vers le médecin B, pour un second diagnostic. Evidemment, les deux diagnostics sont différents. On a donc l’équation suivante : A + B = ? Le tout se résout grâce aux ordonnances des médicaments AX et BY. En effet, AX + BY = ??, divisé par une dose de confiance et quatre déplacements, cela donne : tout va bien !
Déménagement. Sans Casita, nous serons sans maison. Il faut trouver un appartement ou une chambre à Durban où nous pourrions rester jusqu’au départ de Casita. Le camping où nous sommes a des appartements pour 6. Parfait ! Mais ils sont complets le week-end. On réserve quand même et immédiatement on cherche une alternative pour les week-ends. Ouf ! On trouve, à 500 mètres de là. Reste à payer en avance et trouver un fax pour envoyer la preuve du paiement !
Mais où irons-nous ensuite ? D’ailleurs, on part quand ? Le 27 août.
Avion. On trouve une agence qui nous fait une offre pour des billets au départ de Jo’Burg pour le 27 août. L’avion fait d’office escale à Abu Dhabi, dans les Emirats. Tiens, si on profitait d’y rester au lieu de nous précipiter dans la fin de la mousson à Bombay ? C’est possible, sans supplément de coûts pour les vols. Parfait. Mais où dormir ?
Face Book. S’inscrire. OK ! Maintenant, faut retrouver Gilles ! C’est un ami qui devrait vivre à Abu Dhabi… Thierry ne l’a pas revu depuis vingt ans. Là ! J’ai trouvé. Envoi d’une invitation à devenir ami (c’était déjà le cas en réalité, mais maintenant c’est aussi vrai en virtuel !) Yes, il vit encore là-bas. Il n’a pas d’autres idées ou pistes pour notre hébergement que celle de nous accueillir chez lui. Génial ! On n’aurait pas pu trouver mieux. On se réjouit. Mais, on veut aussi voir Dubai, tant qu’à faire ! Passer par une sorte de grande blanchisserie déguisée en parc d’attractions pour milliardaires nous tente… Afrique-Dubai-Inde ! En termes de contrastes, ça le fait ! C’est aussi ça le tour du monde. Mais où dormir à Dubai ?
Changement de programme. Le bateau partira plus tard. Il faut repousser notre départ. Retour à l’agence de voyage. Billets pour le 31 août ? Ok. Et pour le logement ? C’est bon, il y a un appart-hôtel disponible à Dubai. Combien ? Tant pis, ça ira !
Visas. Zut, on ne pourra pas embarquer dans l’avion à Jo’Burg, si nous n’avons pas nos visas pour l’Inde. On pensait les prendre à Abu Dhabi, parce qu’on avait déjà contacté l’ambassade d’Inde là-bas et on savait pouvoir obtenir nos visas en 3 jours à un meilleur prix qu’ici à Durban. Nous n’éviterons pas deux déplacements supplémentaires en ville de Durban.
Problème. Aïe ! Si on dépose nos passeports maintenant à l’ambassade d’Inde, Thierry n’aura pas le sien le jour où Casita sera paquetée dans son container en présence du douanier. On se renseigne. Une copie de son passeport suffira à attester qu’il est le propriétaire du carnet de passage en douane et du véhicule. Départ pour l’ambassade d’Inde !
Pause. Ici vous avez le droit de respirer… Même si nous ne l’avons pas fait…
Visas. « Où et quand sortirez-vous d’Inde ? Il vous faut un billet d’avion prouvant votre future sortie pour obtenir les visas. » Mais nous ne quitterons pas l’Inde par avion. Ou peut-être, si ! On ne sait pas... On fait le tour du monde, en camping-car, en famille… Oui, c’est génial… Oui, les enfants adorent… Oh oui, on se réjouit d’aller en Inde… Merci de votre compréhension. Génial ! Le visa est un multiples entrées, valable 6 mois. Ca nous laisse le temps de réfléchir si on veut passer au Népal tout de suite en septembre et revenir faire le tour de l’Inde ensuite, ou si on quittera l’Inde par le Népal en direction de la Chine, à la fin de notre séjour Indien.
Re-Problème. Si on veut passer en Chine, il faut prévoir 4 à 5 mois de délai pour obtenir les autorisations. Il est obligatoire de passer par une agence spécialisée et de prendre à bord un guide officiel. Pour couronner le tout, les tarifs sont réputés exorbitants. Internet. Google. Traverser la Chine avec son véhicule. On envoie un mail au hasard. Réponse de Jean-Jacques ; il nous donne tous les détails et le nom de l’agence qu’il a sollicité pour son propre périple. On contacte l’agence spécialisée en Chine pour les voyages « self-driving ». Nous espérons avoir bientôt une offre à comparer au prix d’un shipping. Pour quitter l’Inde, nous devrons soit passer en Chine, soit prendre un bateau pour la Thailande, Singapour ou la Malaisie. A suivre…
Oups. Notre carnet de passage en douane sera échu le 16 octobre prochain. Il nous en faut un nouveau. Idéalement, il faudrait le faire envoyer à l’ambassade de Suisse à Bombay, comme ça on le récupère en même temps que Casita. Contacter le TCS en Suisse pour voir si c’est faisable. Contacter aussi l’ambassade de Suisse à Bombay, pour vérifier qu’ils réceptionnent bien le colis. Ce n’est pas gagné. Il faut que le TCS contacte directement l’ambassade. Un mail pour les mettre en contact…
A propos. On dormira où à Bombay en attendant Casita ? On verra…
Echéances. N ! Les passeports de Max, Loane et Sam ne sont valides que jusqu’en avril 2010. La plupart des pays exigeant une validité de 6 mois minimum pour délivrer des visas, il faut les renouveler en Inde. Re-mail à l’ambassade Suisse à Bombay (en fait c’est un consulat !) : combien de temps faut-il pour renouveler un passeport ? 4 semaines. Pfff. 4 semaines à Bombay ! Quelle horreur ! Et si on les récupérait dans une autre ville ? A suivre….
Re Casita. En plus de tous ces contacts et soucis, il faut maintenant préparer Casita pour le transport maritime : trier les vêtements, préparer les valises, fixer les verrous des portes et des fenêtres, penser à cacher le matériel de valeur…
A propos. Ils font comment les voleurs ? Cette cachette, là, c’est pas une classique ? On ferait mieux de mettre dans la poubelle non, sous des déchets propres ? C’est pas un peu naïf ?! A suivre….
Billets d’avion. Ne pas oublier d’aller les chercher…
Dentiste. Pas de problèmes. OUF ! Ca c’est ok !
Médecin, 2ème visite. « C’est bizarre… Je vous prescris encore un autre médicament à titre préventif. Bonne chance. » Merci.
Déménagement. Ca y est, les sacs à dos sont prêts. Une pesée nous permet de ne pas être coincés au moment de l’enregistrement. On prend possession de notre appartement, un studio avec 6 lits. Deux heures plus tard, on ne retrouve plus rien de nos affaires. Rien n’a de place attribuée, tout est éparpillé dans les 40 m2. C’est trop grand !! En plus, il n’y a pas de tapis au sol, il faut balayer toutes les heures… On n’est plus adapté à la vie en appartement… On philosophera après-demain. Pour l’instant, il y a plus urgent : demain, on charge Casita dans le container ; il faut encore cacher le matériel et bloquer l’accès à la capucine. Ah, j’oubliais, il faut encore démonter les panneaux solaires…
Dubai. Tortue Sélène et Angaleo sont à Dubai en cette période. Ce serait génial de les rencontrer. Mail ! Tortue Sélène et Angaleo sont deux familles en voyage autour du monde. Découvrez leurs sites. Nous apprécions leur humour !
La capucine. On prend tout ce qu’on a de plus volumineux et on bourre dans la capucine. Sur le dessus de la pile, on glisse la table. Parfait, ça empêche d’entrer par le toit. Les plaques de désensablages sont glissées en travers et on bourre de matériel dans tous les coins. Tout est tellement entassé, qu’il est impossible de déplacer quoi que ce soit sans enlever la grille de désensablage, qui est inatteignable. Ca marche. Notre plan est parfait !
Séance cerf-volant. Un vent à décorner les cocus de la terre entière, fussent-ils des bœufs, souffle dans le camping, lorsque nous déplions la bâche de 7 mètres par 4 mètres. Thierry manque de s’envoler. Le tissu flotte au vent dans un bruit de spinnaker déchiré… On s’accroche, on crie, on rit pour ne pas pleurer… Finalement, après deux heures d’efforts, on fixe la bâche : la capucine est emballée. On emballera le reste sur place au dépôt demain.
Anniversaire. Oups, c'est l'anni de Thierry aujourd'hui. Bon allez, on souffle... les bougies, mais on continue notre programme.
Dubai. Réponse d’Angaleo : on a une chance de se croiser le 8 septembre, juste avant de reprendre l’avion en direction de l’Inde. Du côté de Tortue Sélène, ils nous attendent à Dubai ou Abu Dhabi. C’est sûr, on va se rencontrer. On se réjouit. Finalement, cette escale aux Emirats s’annonce sous les couleurs des rencontres d’amis.
Dépôt MSC. Magnifique, le douanier n’est pas encore là. On a le temps de finaliser notre emballage de Casita. Zut, j’ai oublié de prendre un couteau pour faire un trou dans la bâche, là où Loane devra sortir. Un couteau de cuisine fait l’affaire. C’est parti, direction le container.
Container. C’est quoi les deux grosses pièces métalliques là, au sommet du container ? Ce sont les fixations de la barre transversale. La barre est amovible, mais pas les fixations. Ca réduit la largeur de 30 cm. On présente Casita. Impossible de passer. N ! A renfort d’élévateurs et de sangles, on élargit le container en tirant de chaque côté, à l’entrée. Thierry glisse Casita dans le container. La marge est de 3 cm de chaque côté à l’entrée du container. Une fois à l’intérieur, on laisse le container reprendre sa forme naturelle. C’est parfait. On est dedans ! Hourra !
Couac. Loane pousse un cri : « Je peux pas ouvrir la fenêtre de la salle de bain. Le container est trop haut. Ca bloque ! » N ! Comment c’est possible ? On avait mesuré ! Y a pas à faire. Loane ne pourra pas sortir par là… Il faut qu’elle sorte derrière. Mais dans ce cas, la fenêtre arrière reste grande ouverte, c’est complètement débile notre truc…
Pleurs. Zoé est en pleurs. Elle est effrayée par les énormes machines qui tournent dans le dépôt et qui portent jusqu’à trois containers. Sam et Max ne sont guère plus rassurés.
Solution. Il faut qu’elle sorte par la capucine ! Mais, on a tout bourré dedans ! Y a pas le choix… On crée un espace pour libérer une fenêtre latérale. On perce un deuxième trou dans la bâche, devant la nouvelle fenêtre. OK. Il faut démonter la fixation du cadenas installée la veille à la fenêtre de la salle de bain pour la fixer à celle de la capucine. Mince. Où sont les outils ? Là-bas, tout au fond de la capucine, de l’autre côté… Bon, on vide l’autre côté aussi. Dire qu’il nous a fallu deux heures hier pour tout mettre en ordre là-dedans… C’est fait ! Tout est en place. Thierry sort. Loane referme la fenêtre et en bloque l’accès, avant de pointer son nez à la fenêtre de la capucine et descendre par l’échelle…
Clin d’oeil. Petite pensée pour Mauro Sensi. A force de faire des trous inutiles dans Casita, on l’a bien allégée !!
Paiement. La compagnie ne chargera le container sur le bateau qu’une fois le versement reçu. Il nous faut une facture au plus vite ; les transferts bancaires internationaux prennent en général 3 à 5 jours. Or, c’est dans trois jours que le container doit être chargé… Trois mails successifs nous permettront de recevoir la facture et de la transférer à notre banque avec mention : URGENT !
Visas. Il faut trouver un moyen de transport pour rejoindre Durban. Sans Casita, nous n’avons plus de maison… Mais nous n’avons plus de voiture non plus… Le manager du camping conduira Thierry en ville, pour récupérer les visas à l’ambassade et le carnet de passage en douane tamponné la veille…
Fin. Ca y est ! On a tout ! Ou presque… Il reste à clarifier la sortie de l’Inde par la Chine ou par bateau, à récupérer le bill of lading, césame maritime pour décharger Casita en Inde, déménager ce week-end, pour revenir dimanche soir… Etc.
Conclusion. Si M6 avait vu juste sur la « famille nombreuse » (6 visas, 6 visites chez le dentiste, 6 billets d’avion, appartement pour 6, etc.), c’est vrai que le terme « en vacances » semble peu approprié.
Résumé. Vous n’avez pas tout suivi ? C’est normal. Alors voici la version vacances de nos deux dernières semaines :
Nous avons chargé Casita dans son container. Nous quittons Durban le 31 août en direction de Abu Dhabi où nous logerons chez un ami. Puis nous visiterons Dubai où nous espérons rencontrer des amis voyageurs. Le 8 septembre, nous prendrons l’avion en direction de Bombay et récupérerons Casita pour la suite de notre périple… A tout bientôt !