Février 2012 : Espagne, 4ème partie
On peut le parcourir dans tous les sens, chercher, creuser et faire tous les jours de nouvelles découvertes, même en faisant cinq fois le tour du monde, on en ferait jamais le tour !
 
La question posée dans ce nouveau récit de nos aventures est : que cache l’Espagne ? Réponse à la fin de ce chapitre…
Jaen
Lorsque nous étions au camping à Marbella, les enfants ont créé des liens avec plusieurs jeunes venant de Jaen. Dès lors, il nous importait de passer dans ce village pour revoir les amies de Max, Loane, Sam et Zoé. Après plusieurs aller et venues dans les rues étroites de la cité, nous parquons Casita en périphérie et envoyons les enfants à pied à l’adresse qu’ils possédaient. Deux heures plus tard, notre club des quatre est de retour, essoufflé et dépité. Les copines se sont réunies chez une des filles du groupe, mais où ?
Après divers appels, mails et autres messages des temps modernes, ils trouvent moyen de rencontrer le groupe avec lequel ils déambulent longuement dans les rues de la ville. A la nuit tombée, tous débarquent dans Casita et une joviale partie de Uno se déroule au chaud.
 
Lorsque chacun regagne ses pénates, les langues de nos enfants se délient: c’est bizarre, en fait on s’est un peu ennuyés. Elles parlent entre elles, essentiellement de l’école et ne savent pas trop quoi faire. Normalement elles sortent au pub jusqu’à 1h30 parce leurs parents sont sévères, sinon elles pourraient rester plus tard. Et c’est tout. C’est pas très intéressant. A part le pub et l’école, elles font rien.
 
Les deux parents concernés s’empressent de vérifier les aspirations de leurs enfants. Ni les uns ni les autres n’auraient voulu suivre les copines au pub, tous auraient préféré jouer ou discuter de choses intéressantes. Ils sont déçus. A quoi bon se faire des copains si c’est pour ça, concluent-ils…
Avant de quitter le village, nous sommes abordés par un photographe. Il contacte une collègue journaliste qui pose trois questions à Thierry par téléphone. Lui-même prend quelques photos, ça y est, nous sommes dans la presse régionale : voir l’article.
 
La région de Jaen compte de nombreux champs d’oliviers qui s’étendent à perte de vue sur les collines et plaines environnantes. A part ça, c’est plutôt sec, hormis quelques embalse qui retiennent l’eau nécessaire aux populations locales.
Anniversaire de Max
Pour le 15ème anniversaire de Max, nous trouvons un bivouac tout simple en bord de mer. Ses frères et sœurs ont passé plusieurs heures les jours précédents à chercher ou confectionner ses cadeaux. Ces instants partagés dans la plus grande simplicité sont toujours autant appréciés par toute la famille. 15 ans ! Quand même… Max avait 11 ans quand on est partis… Pas sûr que les proches le reconnaissent dans quelques semaines !!
Baza
Dans la province de Granada, nous nous éloignons quelques jours de la côte pour visiter une région toute différente, l’altiplano andalous. Pour une plaine culminant à 800 mètres, l’appellation peut prêter à sourire, pourtant… Le spectacle est saisissant, les roches arborent des couleurs dignes du Nord-Ouest argentin, plusieurs parois offrant un dégradé de cinq à six couleurs minérales. A la hauteur de Guadix, le paysage prend des allures de Capadoce espagnole, la roche friable étant perforée pour accueillir d’innombrables grottes et maisons troglodytes. Plus loin, aux abords de Baza, l’embalse Negratin se donne des airs de lagune andine, avec un décor type désert d’Atacama. Dans cette plaine semi-désertique, c’est tantôt les parois rocheuses, tantôt la végétation qui rappelle les paysages féériques d’Amérique du Sud. Ceux qui apprécient les grands espaces, les paysages de montagnes ou les contrées désertiques apprécieront sans aucun doute la région qui surprend le voyageur non averti.
Hola de frio
L’Europe a traversé une vague de froid digne des scénari catastrophes d’Hollywood. L’Andalousie n’a pas échappé à la règle. Sur l’autoroute, les panneaux d’information diffusaient des messages d’avertissement peu explicites, tandis que le thermomètre de Casita affichait un sévère 18.5 degrés extérieurs à 20h15. Chacun son truc !
Nichés au cœur de cet univers insolite, Sam et Aurore ont ouvert un gîte rural écologique que nous avons visité avec grand intérêt et énormément de plaisir. Aux cuevas andalusia, l’accueil est phénoménal, on nous reçoit avec entrain et jovialité, fiers de nous faire visiter les lieux et découvrir le confort d’une maison-grotte. Les gîtes sont propres et nets, aménagés avec soin et goût, ils offrent un confort étonnant dans un décor surprenant.
 
Sur les huit hectares de la propriété, poussent désormais les centaines d’oliviers produisant l’huile de la maison, tandis que les panneaux solaires fournissent l’énergie nécessaire aux deux propriétaires. Nous venions là pour découvrir ce type d’environnement, la manière d’héberger des hôtes de manière écologique, de planter ses propres légumes et de vivre en harmonie avec son environnement. Nous avons découvert bien davantage. A leur manière Aurore et Sam ont changé de vie en optant pour un style de vie où la responsabilité de ses propres actes est une valeur essentielle, comme la générosité, le partage et l’hospitalité. Avec les deux belges, nous nous sommes sentis compris et en accord. Nos discours se ressemblent, nos expériences se complètent.
 
Aors forcément, on s’installe, on reste, on déguste quelques bonnes bouteilles et on refait le monde… Malgré nous, on sème une graine dans le cœur de nos hôtes, une envie de bouger, de prendre la route aussi un jour, sans tout abandonner pour autant.
 
Merci à vous deux pour ces moments de pure amitié. Et à vous qui nous lisez, nous vous conseillons vivement de tester l’endroit lors de vos prochaines vacances. Si vous ne deviez pas rentrer métamorphosés, vous serez sans aucun doute reposés et enchantés : http://www.cuevasandalucia.es
Cabo de Gata
Tout le monde le dit, la côte espagnole est ravagée par le développement touristique et le bétonnage massif.  Toute la côte ? Non. Un irréductible parc naturel résiste encore à l’envahisseur et offre un spectacle époustoufflant. C’est le Cabo de Gata, à quelques kilomètres d’Almeria.
 
Sur des hectares vierges, la végétation suit son rythme de croissance et couvre les collines surplombant par endroits la mer en parois vertigineuses et bordant ailleurs des plages immaculées.
 
Aux abords du village de San Jose, nous avons passé quelques nuits sur deux plages merveilleuses la playa Monsul et la playa Genoveses. Comme partout en Espagne à cette saison, nous avons pu profiter de ces bivouacs de rêve sans être délogés ni dérangés. Plus ou moins seuls selon les endroits, nous avons vécu sur le Cabo de Gata comme dans une bulle, un monde à l’intérieur du monde, un espace privilégié aux saveur d’exotisme et d’authenticité, loin des ravages du développement touristico-économique.
 
Une piste de 7 km nous conduit jusqu’à une crique paradisiaque, isolée : la playa del Plomo. Nous y sommes allés grâce à Thierry et Céline que nous avons rencontrés au centre de Carboneras. Ils nous décrivent l’itinéraire et nous vantent les mérites de leur trouvaille. Près d’Agua Amargas et de la cala San Pedro, la plage nous invite à la baignade et à la détente. Nous y sommes restés quelques jours en compagnie de plusieurs autres véhicules, dont celui de Thierry et Céline, deux fribourgeois exilés depuis un an et que nous nous réjouissons de revoir chez eux, dans leur ferme du plateau romand.
 
Almeria, sous les mots, les maux.
A côté du parc naturel du Cabo de Gata, s’étend le jardin potager de l’Europe. Présenté ainsi, le portrait est bucolique. C’est une toute autre réalité qui se cache sous les apparences…
 
Côté paysage…
Almeria, c’est des serres de cultures intensives sur une bande d’environ 40 km de long sur une vingtaine de kilomètres de large. Pour vous faire une idée, prenez la côte de Nyon à Lausanne et couvrez-la de bâches en plastique. Intégralement. Montez ensuite au signal de Bougy et appréciez la vue. Ca vous plaît ? Tant mieux, parce que c’est de là que viennent tous les légumes que vous consommez.
Ci-dessous: Playa Monsul
Ci-dessous: Playa Genoveses
Aujourd'hui...
Hormis le caractère horrible sur le plan esthétique et écologique de cette production industrielle, ce sont les autres vérités d’Almeria qui choquent profondément.
Côté alimentation…
Seule une infime partion de ces productions se prévalent d’un label bio. Toutes les autres répandent des litres d’insecticides, de fertilisants et d’autres substances chimiques qui termineront dans les estomacs des consommateurs européens, heureux d’acheter des tomates dont l’étiquette vante les vertus pour la santé…
 
Côté écologique…
Pas un des légumes poussant sous les plastiques ne voit le soleil… Pire, ils ne voient même pas la terre !! Cultivées hors sol, suspendues au-dessus du sol, leurs racines s’enfonçant dans des sacs emplis de fibres de coco, les plantes sont entretenues comme l’est le malade aux soins intensifs, sous perfusion… Les tomates, concombres et autres fruits et légumes qui sortent de là, n’ont ni goût, ni saveur. Les noms donnés à ces produits permettent de se rappeler leurs origines, mais cela fait bien longtemps que les aliments de la terre ont perdu tout contact avec notre panète. Ainsi en est-il également des produits dits bio, vendus dans les grandes surfaces, bio signifiant seulement sans produit chimique.
 
Pour arroser tout cela, il faut désormais creuser à plus de mille mètres sous terre pour trouver une eau qui manque cruellement et qui ne se renouvelle plus. A l’époque, on la puisait à deux mètres de profondeur et la pluie suffisait à réapprovisionner les nappes phréatiques.
 
Côté économique…
La demande et la concurrence sont telles que les coûts d’achats ne couvrent plus les coûts de production. Comment est-il possible de vendre 1 euro à Bruxelles un kilo de tomates produites à Almeria ? La réponse est simple, c’est l’homme qui fait la différence.
Côté humain…
A l’ère des rois de France, les serfs courbaient l’échine et suaient dans les campagnes gérées par quelques vassaux hostiles et prétentieux. En d’autres lieux, les esclaves africains servaient leurs maîtres sous les coups de cravaches contre quelques aliments quotidiens et la vie sauve à défaut de dignité.
Dans un temps qui nous paraissait pourtant relativement éloigné, l’eclavage fut aboli et les droits de l’homme prescrits. Comment expliquer alors le drame humain qui se vit aujourd’hui, à Almeria, en Europe, en 2012 ?
Les serfs d’aujourd’hui croupissent sous les serres de l’oubli. Ouvriers marocains et africains sont exploités illégalement quinze à seize heures par jour pour à peine deux euros de l’heure. Sans papiers, ils n’ont aucun droit, ni autre alternative que d’accepter les conditions de travail indignes de nos pays de droit. Engagés le matin sur appel, ils sont payés partiellement et tenus captifs d’un système qui nourrit des millions d’européens et en enrichit une maigre poignée. Dénoncés et renvoyés à la moindre protestation, ces hommes et ces femmes taisent leur révolte pour nourrir leurs enfants. Logés sans logement, ils boivent l’eau des champs contaminée et insalubre. Les moins résistants meurent en cachette, sous un plastique comme naissent les tomates…
Est-ce le mot ou la pratique que l’on a interdit en abolissant l’esclavage ?
 
Côté absurde…
Pour développer des pommes carrées qui se rangent mieux dans les caisses, l’homme est prêt à tout, à commencer par perdre la tête. Pour vous en rendre compte par vous-même, observez prochainement la gueule d’une pomme dans un supermarché. Appréciez sa brillance et contemplez sa forme. Vous verrez, elle est déjà pentagonale. Encore quelques années et le pari sera gagné, les pommes seront des briques…
Côté solution…
Que faire ? Voilà quelques temps nous dénoncions la production de la viande et voilà maintenant qu’on proteste contre celle des légumes. Pas de panique, nous n’avons pas entamé de grève de la faim. En revanche, nous prenons conscience de manière violente, sur le terrain, de l’absurdité du système, de ses limites et de ses scandales. C’est pourquoi, nous nous efforçons dans la mesure du possible, de nous approvisonner localement, directement chez le producteur voisin, dont on peut vérifier les méthodes et la santé des produits.
Acheter mieux, c’est acheter local avant tout. Forcer les politiques et les urbanistes à développer des zones de production agricole locale, capables d’approvisionner la population voisine, c’est un devoir. Retrouver son autonomie et ne plus dépendre de l’avenir d’Almeria, ou prochainement du Maroc, c’est une urgence.
Consommer mieux, c’est aussi encourager le producteur local à prendre soin de sa terre comme il le ferait de sa femme ou de sa fille, l’aimer, la chérir, la nourrir sans l’empoisonner. En réclamant des productions bio et éthiques, le consommateur redonne vie à la terre.
Désormais, en Inde, certains agriculteurs poussés à bout par le système productiviste se suicident en buvant les produits qu’ils déversaient sur leurs cultures. De tels actes en disent long sur ce que sera le monde tant que nous nous tairons.Côté producteur…
Produire mieux, c’est respecter la terre comme son propre estomac. C’est aussi respecter le consommateur comme les membres de sa famille et vendre au prix réel la production sans chercher à spéculer sur le phénomène bio. Certes, le prix sera plus élevé tant que la demande des consommateurs ne suffira pas à couvrir les frais engendrés par un changement de méthode. Mais c’est à chacun de soutenir le changement. De son côté, l’agriculteur local a son rôle à jouer en proposant des produits à prix compétitifs et dignes. Alors l’offre et la demande s’équilibreront naturellement.
 
Côté protestation…
A l’époque, on lançait des tomates sur les mauvais acteurs, une manière de manifester son mécontentement. Devrait-on lancer des tomates sur les mauvais acteurs des temps modernes pour se faire entendre et obtenir le droit de manger correctement, de produire dignement et de respecter tout à la fois la terre qui nous nourrit et ceux qui la travaillent ? Depuis quelques jours Thierry imagine les scènes de la Migros, de Carrefour ou des autres couvertes de tomates insipides. Un doux sourire se dessine alors sur ses lèvres…
 
Côté lait…
Le lait, c’est laid !
Pourtant, depuis notre enfance, on nous ressasse que les produits laitiers nous fournissent le calcium nécessaire à la fortification de nos os. C’est faux ! Et c’est maintenant prouvé.
Le calcium contenu dans le lait de vache n’est pas assimilé par l’être humain, il l’est par le veau. Pire, le lait contient une enzyme indigeste pour l’humain.
En revanche, il semblerait que l’argent dépensé par les consommateurs nourrisse correctement les éleveurs…
Et alors ?
Fallait-il faire le tour du monde pour découvrir tout cela ici ? Peut-être. Quoi qu’il en soit, nous avons essayé avec nos petits moyens de faire différemment. Nous avons visité une ferme-gîte écologique et avons tenté une expérience nouvelle. Contre quelques heures de notre labeur, recevoir des légumes du jardin bio, en suffisance pour trois repas.
 
C’est ainsi que Max a arrosé quelques dizaines d’oliviers, en défrichant préalablement les racines. Sam et Zoé ont récolté des coquilles d’escargots pour nourrir les poules et leur fournir le calcium qui renforcera la coquille de leurs œufs. Loane, Thierry et Véro ont quant à eux décortiqué un bon millier d’amandes du verger. L’expérience fut intéressante, sans forcément se montrer concluante. Toutefois, elle est un pas que nous avons fait pour prendre en main notre propre alimentation.
Carnaval
Invités à défiler dans le cortège de carnaval d’Aguilas avec Casita, nous nous sommes contentés d’y aller à pied et d’admirer les innombrables chorégraphies préparées spécifiquement pour l’occasion par les écoles de danse de la région. La fête est classée événement d’intérêt national.
Avec un cortège qui débute vers 17h et se termine bien après 1h du matin, les festivités sont en effet stupéfiantes.
Bivouacs
Contrairement aux idées reçues, l’Espagne offre des bivouacs somptueux en bord de mer. Même sortis de Cabo de Gata, nous passons de plage en plage, nos bivouacs offrant des paysages extraordinaires, de calme, la nature, la mer, la campagne. Nous profitons aussi d’un printemps déjà bien installé pour nous baigner parfois, encouragés par les couleurs époustoufflantes de la Méditerrannée.
Morbide ou mort bide…
Pour terminer ce récit haut en couleur, voici quelques nouvelles de la santé de Véro avec sa dernière trouvaille morbidécologique : sachant que l’être humain est composé à 80% d’eau, pourquoi de pas le centrifuger une fois mort pour en extraire le liquide, plutôt que de dépenser tant d’énergie à faire brûler de la flotte ? A méditer…
 
A suivre
On a voulu nous faire croire que la côte espagnole était pourrie… Maintenant que nous savons qu’elle regorge de plages et de criques exceptionnelles, nous allons en profiter encore en peu…
Ci-dessous: Playa del Plomo
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