Vie à bord
Depuis quelques temps, nous sommes stressés, voire pressés… Ca ne nous plaît pas ! Plus nous additionnons les kilomètres et les jours, moins ça s’assemble. Il y a des choix à faire. L’itinéraire d’abord. Jusqu’où allons-nous en Colombie ? Par où redescendons–nous ? Et si l’on shippait depuis Cartagène en Colombie au lieu de redescendre jusqu’en Argentine ? Bien sûr, il y a la Bolivie qu’on raterait. Dommage. Trop dommage ? Oui, c’était une des choses dont on se réjouissait le plus sur ce continent. Donc on se refait le Pérou ? On peut aussi passer par le Brésil… De fil en aiguille et après plusieurs recherches sur internet, nous avons décidé de rebrousser chemin pour aller découvrir la Bolivie, poursuivre vers le Brésil et le Pentanal, les chutes d’Iguazu, puis l’Uruguay, d’où nous shipperons pour traverser l’Atlantique…
Et puis, il y a aussi les questions sur l’après… Depuis que nous sommes entrés dans la dernière année de ce voyage, les questions se pressent dans nos têtes. Du coup, nous avons instauré un nouveau conseil familial, le « et après ? ». En famille, nous exposons nos envies, nos rêves, nos craintes, nos désirs. Nous savons mieux ce que nous ne voulons pas que ce que nous voulons, c’est un début. Il y a tant de paramètres à prendre en compte… Se réunir ainsi et échanger nous fait du bien, le plus souvent. Les jours de pause au lac Calima nous ont aussi servi à cela. A reprendre les choses en main, les projets.
Depuis l’Argentine, nous avons décidé de faire école en roulant. Cela devait nous permettre de mieux gérer le temps, pensions-nous. En fait, cela nous permet surtout de rouler davantage et de rester conséquent. En Colombie, les enfants ont particulièrement souffert avec la route qui secoue la cellule dans tous les sens ; ils se sont montrés courageux. En procédant de la sorte, c’est quatre heures par jour qu’on gagne… Mais les gagne-t-on vraiment ? Depuis l’Argentine, nous sommes hors de notre rythme. Adieu les matinées de libres pour Véro ou Thierry quand l’autre fait école, envolé ce temps privilégié où chacun s’adonne à ce qui lui plaît, yoga, écriture, ballades, lecture. Fini la classe sur la plage et les récrés aérées. Le plus souvent, nous roulons. Au fil des semaines, cela nous fatigue. Nous devons rester vigilants et attentifs à cela aussi, si nous voulons profiter de ce que nous découvrons.
Enfin, il y a les petits soucis et les grands bonheurs qui touchent les proches, si loin du coup. Ici, un mariage qu’on attend depuis si longtemps et auquel nous n’assisterons pas… Là, un bébé… Là-bas, des angoisses qui minent la vie et nos bras trop courts pour embrasser celle qui en souffre… Le voyage c’est tout cela.