1ère Partie. Le Nord.
L’Ethiopie : un feu d’artifice, sans artifice !
On nous avait prédit des jets de pierres de la part des enfants… Celles qu’ils nous lancent sont précieuses et brillent au fond de leurs yeux ! Les diamants de leurs regards nous touchent en plein coeur… Chaque fois que nos yeux croisent les leurs, leur sourire éclate et tout leur visage s’illumine. Il y a une force étrange dans ce pays, une énergie de vie présente partout.
Ici, les gens sont authentiques, gais et généreux. Ils sont profonds et souvent ils semblent avoir déjà mille ans, tant ils sont droits et solides. Ici, les arbres aussi parlent, la terre se raconte et les couleurs explosent. Jamais auparavant nous n’avions vu que dans le noir des yeux d’enfants se cache un violet intense, un vert émeraude et parfois des reflets bleutés ou de couleur ocre. C’est beau l’Afrique noire. Les couleurs y sont partout : dans le ciel, dans les regards, dans la terre, dans les plumes des oiseaux… Les arbres, hallucinants, grands et aux troncs tortueux, nous émeuvent aux larmes régulièrement. Au-dessus d’eux, les aigles planent en compagnie des vautours et autres rapaces, tandis qu’au sol, d’étranges volatiles à la queue longue et blanche ou bleue traverse la route et nous éblouissent de leur splendeur… Il y aussi des toucans noir et blanc qui sautent de branche en branche et de nombreuses autres espèces qu’on ne voit pas mais qui chantent continuellement…
Outre la nature qui nous a littéralement éblouis, nous avons découvert de nombreuses écoles, partout dans le pays, dans chaque village. Leur taux de fréquentation est très élevé, ce qui est réjouissant. Les méthodes d’agriculture sont d’une autre époque. Difficile de dire s’il y a mille ans de retard ou d’avance sur l’Occident. Les boeufs tirent des charrues en bois ou tournent en rond sur le blé, fraîchement coupé à la serpette, pour en extraire les grains. Les femmes, plus chargées que les ânes, portent la paille, le bois récolté ou l’eau. On ne trouve aucun déchet, encore moins de bennes à ordures. Du coup, nous nous sommes trimballés avec nos poubelles pendant des kilomètres, avant de réaliser que les enfants les récupèrent et les trient avec plaisir pour y récupérer notamment les bouteilles de pet. Les routes, quant à elles, ne sont fréquentées que par quelques camions et de nombreux marcheurs, accompagnés de leurs ânes ou troupeaux… Mais tout cela n’a de charme que pour notre regard d’occidental dégoûté par l’évolution du monde. Ici, les gens rêvent de développement industriel, d’exploitation des ressources naturelles et d’exportation. Ils se réjouissent du développement des infrastructures routières et de la poussée des antennes de télécommunication …
Même si nous nous demandons si ce « progrès » est bien nécessaire, nous ne pouvons que comprendre leurs aspirations ; avec tout cela, il y a aussi l’espoir d’une plus grande liberté et de plus de richesse. Et la vie est ainsi faite : ce n’est qu’une fois la richesse acquise, qu’on pleure la perte des richesses d’antan…