Kuala Lumpur : l’essentiel.
Nous avons vu l’essentiel de Kuala Lumpur : IKEA ! Nous y avons déambulé en riant, seul magasin au monde à proposer des housses de duvet (couette, pour les français !) à 6 USD ! Parfait ! Ca faisait trois mois que nous cherchions.
Nous décidons sinon de passer à côté de la capitale, sachant que nous avons une chance d’y revenir pour shipper Casita vers l’Amérique.
La Malaisie : aise ou malaise ?
Au moment de sortir de Malaisie, nous sommes un peu perplexes. Ce pays est déroutant, sans véritable cohérence à nos yeux. En même temps, il nous touche, nous séduit. Et puis, il nous apparaît comme une reproduction réduite de ce qu’est devenu le monde.
Avec un drapeau, qui est la réplique de la bannière américaine, dont les stars sont remplacées par l’étoile et le croissant de lune islamique, la Malaisie promeut fièrement les tendances dominantes de la société actuelle : un rêve américain toujours aussi séduisant pour ceux qui n’en ont pas goûté l’amertume et une religion musulmane ultra médiatisée.
Nous avons parcouru sa partie péninsulaire du Nord au Sud et d’Est en Ouest. 80 % du paysage est composé de plantations de palmiers, dont on fabrique une huile de palme malsaine, mais extrêmement rentable. Or, cette mono culture provoque la destruction de 90% de la forêt tropicale. Une forêt dense, riche et vieille, abritant autrefois des milliers de variétés végétales et animales et dans lesquelles on ne trouve aujourd’hui qu’en quantité anecdotique les espèces qui faisaient la richesse de la planète. Cela nous rappelle la manière dont le monde se prive de ressources naturelles en visant le développement économique avant l’équilibre planétaire.
Sur le plan humain, les chiffres montrent un pays multiracial. Dans les faits, nous pouvons fréquemment observer des groupes de jeunes d’origines diverses prendre un repas ou réviser ses leçons ensemble. Pourtant, quelques lectures nous apprennent que l’équilibre est précaire. Quand l’économie ralentit, les tensions entre les religions deviennent tangibles, sinon dangereuses. Est-ce pour cela, que le gouvernement a fait du développement économique la fin qui justifie les moyens ?
Et pourtant, nous aimons ce pays, comme nous aimons ses plages sauvages, ses fonds marins et ses habitants, enthousiastes, souriants, généreux et chaleureux. Nous restons humbles devant le respect et l’hospitalité qu’ils nous témoignent. Nous sommes émerveillés par les sourires épanouis des femmes voilées ou non. Nous succombons au charme des quartiers indiens et aux saveurs de leur cuisine, autant qu’aux couleurs de leurs vêtements et à la douceur de leur regard. Nous fondons devant la tendresse qui se dégage des malais. Les Malais furent de grands explorateurs, dignes des Marco Polo et Vasco de Gama. Nous nous demandons aujourd’hui, si cela explique l’intérêt particulier que porte ce peuple pour notre voyage.
Jamais notre aventure n’a suscité autant d’intérêt, de questions, de sollicitations. Une équipe de télévision a souhaité nous inviter pour une émission. Rares furent avant les malais, ceux qui pouvaient comprendre le sens d’un voyage autour du monde. Ici, nous n’irions pas jusqu’à dire que cela semble naturel, mais presque. A peine entament-ils la discussion, qu’ils nous demandent si nous faisons le tour du monde et s’en réjouissent. Tout cela avec retenue et respect. C’est aussi le premier pays, où l’on nous demande systématiquement l’autorisation avant de photographier Casita. Amusant. Ici, nous nous prenons à rêver du jour où la chaleur humaine devienne énergie alternative ; alors un pays comme la Malaisie n’aurait plus aucun souci à se faire pour son avenir.