Un voyage dans le voyage. C’est que nous souhaitions accomplir durant ces 6 semaines sac à dos, loin de notre Casita. Nous sommes ravis de cette expérience et des pays visités. Ici, pour nous, tout est très différent de ce que nous avons connu jusque là. Alors, nous comparons inévitablement. Les continents, les pays, les cultures, les climats, la faune. C’est plus ci, c’est moins ça. En cette fin d’année, sans chercher à faire un bilan, nous vous invitons à découvrir deux nouveaux pays à travers les regards que nous y avons posés et les souvenirs qu’ils ont fait émerger. Un voyage dans le voyage en quelques sortes…
Tulum : paradis des Caraïbes
Au Sud de l’agitation de Cancun et de Playa del Carmen, Tulum est un lieu paisible, tant dans son village que sur sa plage. La mer des Caraïbes change de couleur au gré des vents et le sable reste d’un blanc immaculé. Calme et tranquillité. Charme et authenticité. L’énergie de l’endroit nous comble : vitalisante, puissante. Il y a quelque chose de plus plein, de plus solide que sur les plages Thailandaises. Et de moins lourd que sur les rivages de l’Inde. Difficile à expliquer. C’est différent. Ca nous convient mieux. Nous avons profité de cet endroit quelques jours pour nous reposer. Nous ne nous y sommes pas installés plus longuement, pour épargner notre budget.
Dans la région, nous nous sommes baignés avec bonheur dans un cenote, sorte de mini lac à l’eau translucide dans une cavité rocheuse ou en pleine nature, qui servait de puits naturel aux Mayas d’autrefois.
Nous avons aussi longuement réfléchi à la proposition géniale et généreuse de Céline et Alessandro que nous avions rencontrés à Varkala en Inde : utiliser leur splendide bus VW pour visiter le Mexique avant qu’eux ne viennent le récupérer pour parcourir l’Amérique du Sud en 2011. Un rêve ! Une aubaine ! Pourtant, nous avons renoncé. Notre envie de vivre l’expérience sac à dos était grande. Notre crainte de briser leur projet en cas de pépin avec leur monture l’était encore plus.
Encore merci à vous deux. Vous lire nous a ramenés en Inde, là où notre Casita faisait grève sur son parking, incapable de démarrer en raison d’un fil rongé par un écureuil… Nous avions alors passé ensemble une partie de la soirée sur notre terrasse de toit !
Nous nous réjouissons de vous croiser l’année prochaine plus au Sud. Faites de grosses bises à Patricia, venue de votre part nous rendre visite dans notre cabane sur la plage pour nous proposer son appartement à Tulum pour quelques jours. Votre générosité à tous les trois nous a beaucoup touchés.
Chichen Itzà : sur la route des Mayas.
Si le spectacle son et lumière n’est décidément pas notre tasse de thé, nous avons été émerveillés en revanche par le site. Levé de très bonne heure, nous avons visité les ruines presque dans l’intimité. Un vrai bonheur.
Merida : viva Mexico !
La ville est extrêmement colorée et animée. Ca vit, ça bouge, sans agitation. Etrange. Séduisant. Les mexicains sont tranquilles. Cette ville l’est autant, en regard à sa taille, tout en restant vivante. Hébergés comme des rois pour un tarif spécial famille petit budget, nous avons eu piscine, wifi, petit déj’, frigo dans la chambre, salle de bain privative, cours de salsa gratuits en soirée et une ambiance super sympa. Nous serions bien restés plus longtemps, si nous n’avions pas déjà pris nos billets de bus pour Campeche !
Tous en famille, nous avons suivi les cours de salsa offerts. Thierry et Véro ont retrouvé de belles sensations, tandis que les enfants ont décroché le pas de base et s’entraînent spontanément. Franchement, ils sont plutôt doués, c’est génial !
Campeche : fêtes, mariages et pèlerinages
Campeche est plus léchée que Merida. Plus touristique aussi et peut-être un peu moins authentique et vivante. Encore que… Jamais nous n’avions assisté à autant de mariage en 4 jours. Si les églises du centre ne vibrent pas comme a pu le faire celle d’Emali au Kenya, elles sont sans cesse pleines et en service. Les mariages s’y enchaînent, entrecoupés de messes et d’autres fêtes. Dehors, une scène accueille des concerts chaque soir. Quel régal que d’entendre de la vraie musique et des vrais chanteurs. Adieu les karaoké irritant de l’Asie, avec leurs voix stridentes et nasillardes qui font siffler les tympans et grincer les dents à force de fausses notes. Vive les reprises en espagnol des tubes italiens, vive les envolées puissantes et les déhanchés séducteurs des crooners, vive la musique classique jouée par un bel orchestre, vive la vie et vive la danse !
Autre fête, autre souvenir : les pèlerinages. Le 12 décembre se célèbre la fête de la Vierge de la Guadalupe, la plus grande fête religieuse du pays. Des pèlerins de toute la région font le voyage à vélo pour rejoindre une petite église sans prétention. On est loin des pèlerinages tibétains où l’on rampe des mois durant pour rejoindre Lhassa. Loin aussi des foules impressionnantes des pèlerins indiens vêtus de jaune et d’orange qui nous ont tenus éveillés à Kanyakumari. Pourtant, la fête y est, comme la dévotion. Emouvant.
Palenque : splendide.
En pleine jungle, nous pénétrons dans le site par l’entrée secondaire. Nous nous enfonçons dans la forêt, guidés par le bruit des cascades et des ruisseaux. Nous découvrons des premières ruines, basses, couvertes de mousse et de végétation. Au-dessus de nous, des rugissements impressionnants nous confirment que les singes hurleurs sont bien ici chez eux. Un visiteur non averti aurait vite fait de croire à la présence d’un fauve.
Au fil des sentiers, nous accédons progressivement à ce qui semble être une clairière. Ou plutôt, une esplanade. Au centre, se dressent les vestiges du palais. Soyons francs : au centre se dresse le palais. Majestueux, imposant, incroyablement bien conservé. Nous progressons et découvrons alors les temples, les collines. Le cadre est saisissant. De toute beauté. Nous restons sans voix, admiratifs. Humbles. Probablement le plus beau site que nous ayons vu, avec Palmyre en Syrie et Patara en Turquie.
De retour au campement, nous découvrons au-dessus de notre petite cabane perdue dans la jungle, les fameux singes hurleurs, qui rugissent fièrement. Eux nous rappellent les grands singes noirs et blancs d’Ethiopie et les fauves de l’Afrique. En les observant longuement, nous laissons nos pensées se promener dans nos souvenirs, en même temps que nous imprimons ces nouvelles images et ces nouveaux sons dans nos mémoires.
San Cristobal de las Casas : des Indiens et des couleurs.
La ville est superbe. Depuis quand n’avions-nous pas vu de belles villes ? Luang-Prabang au Laos, et avant ? Difficile à dire. Nous avons vu des villes hautes, des grandes, des villes pratiques, d’autres logiques ou encore grouillantes, mais il y en a peu qui nous ont séduits par leur charme. San Cristobal a réussi, autant par ses façades colorées, ses rues pavées, ses nombreuses églises que par ses habitants. Les Indiens sont dans la ville et ça fait plaisir de les voir. D’une part, le marché est l’un des plus lumineux et colorés que nous ayons vus avec ceux de l’Inde. Ensuite, la tradition est vivante, sans s’être transformée en attraction touristique. Loane y est particulièrement sensible et apprécie beaucoup, les costumes, l’artisanat.
C’est donc dans une ville très vivante que nous nous promenons les yeux grands ouverts, le cœur léger et le nez bouché ! L’air est sec et nos narines s’irritent. Les nuits sont froides et nos sinus, habitués à l’humidité et au chaud depuis un an et demi, s’enflamment. Peu importe, le spectacle est à chaque coin de rue. On y croise des regards aussi profonds que les rides qui creusent les visages des moins jeunes.
Il y a dans les traits des visages Indiens des ressemblances frappantes avec les peuples de l’Himalaya, les Indiens d’Inde, les Tibétains ou les Laotiens. Si physiquement, les Indiens d’ici nous semblent encore plus petits et plus carrés que les asiatiques, nous ne pouvons nous empêcher de les comparer. Finalement, nos lectures nous permettront de réaliser qu’en l’an 1500 av JC, les tribus nomades venues d’Asie via le détroit de Bering se sont sédentarisées ici, en Amérique centrale. Les ancêtres des Indiens Mayas que l’on croise proviennent donc bel et bien d’Asie. Nous voilà un peu plus instruits…
Arrivée au Guatemala : encore un autre monde…
Les passages de frontières sont toujours aussi révélateurs du développement des pays que nous traversons. On passe dans un autre monde à chaque fois. Au Guatemala, nous avons retrouvé les tuk-tuk, inexistants au Mexique, où roule en revanche un nombre impressionnant de VW coccinelles.
Comme souvent, les WC publics nous ont offert une anecdote sympa. Ici, les cabines sont séparées par des rideaux. C’est déjà mieux qu’en Chine ! On paie pour le service et le droit de recevoir un peu de PQ. Pas de problème. Au moment de tirer l’eau, les choses se compliquent… Pas de chasse. Pas de seau. Pas de bassin. Pas d’eau. Rien. On sort, un peu gêné de ce qu’on laisse et vaguement perplexe sur la manière dont la jeune femme nettoiera la chose. Le prix payé semble dérisoire tout à coup… Trois pas plus tard, nous voilà rassurés : la jeune femme en question nous désigne un immense bassin, dans lequel nous puisons notre eau dans une écuelle. Dignement, nous faisons disparaître de la cuvette la preuve de notre passage. Au moment de partir, voilà la demoiselle qui nous rappelle et nous désigne un seau, un balais et ce qui ressemble à une serpillère… Promis, nous n’avions pas chié par terre ! Irait-elle néanmoins jusqu’à nous faire payer le droit de récurer les chiottes ? Notre piètre espagnol utilisé comme prétexte pour dissimuler notre lâcheté nous privera de la réponse…
 
Au Guatemala, nous avions choisi Quetzaltenango comme première escale, en raison des sources chaudes dans lesquelles nous espérions nous tremper pour célébrer l’anniversaire de Loane.  Déception : les pluies abondantes des mois de mai à octobre ont détruit l’endroit, tout comme elles ont endommagé la plupart des routes du pays. Encore aujourd’hui, certains tronçons sont en partie encombrés de pierres et de terre. Par endroits, ce sont des flancs entiers de montagnes qui se sont effondrés.  Bref, il nous faut changer de plan pour l’anniversaire de Loane et nous décidons de reprendre la route le lendemain pour Panajachel au bord du lac Atitlan.
Panajachel : un lac et le sourire sur nos visages.
Depuis que nous voyageons sac à dos, nous avons essentiellement passé de ville en ville. Panajachel s’est révélé par conséquent un endroit de rêve pour nous détendre, nous reposer et profiter d’un paysage magnifique le temps d’un anniversaire et de Noël. Un  peu plus bas en altitude, la température y est aussi plus clémente. En résumé, nous avons rapidement trouvé nos marques ici.
Panajachel se trouve sur les rives du lac Atitlan, encerclé de volcans culminant entre 2500m et 4000m. Superbe. Une virée en bateau nous permet de découvrir trois autres villages, dont celui de Santiago où les hommes et leurs chapeaux font sensation.
Une autre excursion nous a conduit à Solola, le jour de Noël. Exceptionnel. Un marché fait par les Indiens, pour les Indiens. Ca grouille, ça se bouscule, ça se rassemble. Une foule dense et colorée se presse sur le parque central. Ici, Zoé a pratiquement une taille adulte et ce sont souvent les têtes de celles et ceux qui nous suivent qui appuient contre nos fessiers pour nous faire avancer. Fantastique endroit et ambiance magique pour un Noël qui mélange tout du christianisme et des croyances quiches ou tzutzuhiles locales. Dans et devant les églises, les Indiens se pressent pour voir clignoter les guirlandes lumineuses qui décorent un Christ tantôt couvert de chemises roses ou de cravattes, à l’instar de l’autre icône religieuse locale.
 
Anniversaire de Loane : plaisir des yeux, plaisir de l’estomac.
Au bord du lac, nous nous sentions un peu comme à la maison. Alors, imaginez, quand on a aperçu « fondue au fromage suisse » sur une carte… Ce fut un délice, suivi d’un gâteau au chocolat qui, avec la journée d’emplettes dans les boutiques d’artisanat local a fait de cet anniversaire une journée réussie et très heureuse.
Noël : le plaisir d’offrir.
Après notre escapade au marché de Solola et de retour à l’hôtel, les enfants ont choisi leur arbre de Noël et l’ont décoré de guirlandes et de poupées. A son pied, ils ont créé une crèche faite de marionnettes à doigts, dans laquelle on pouvait voir Marie, Joseph, le petit Jésus, les trois rois mages, un ange… un lama et une tortue ! On fait avec ce qu’on a ! Cette année le Père Noël a eu l’âme écologique et a emballé ses cadeaux dans des écharpes. Pas con hein ?! Et puis, il a glissé quelques billets dans une trousse en tissu, parce que c’est moins lourd à porter. Pas con hein, le Père Noël ! Nous lui disons tous merci ! Notre repas de Noël fut un gargantuesque pic-nic sur les rives du lac, avec au menu : avocats, fraises, fromages, pain, jus d’orange et 100 gr de chocolat noir au citron ! Au dessert : des chamalows, que nos enfants ont finalement distribués à ceux du village tout au long du chemin qui nous ramenait à l’hôtel. Quels étaient les yeux les plus humides et brillants : ceux qui offraient ou ceux qui recevaient ? L’obscurité a voilé la réponse…
Vivre l’Avant et Noël en terre chrétienne fut une nouvelle expérience pour nous, depuis notre départ. Quel contraste ! Tandis qu’au milieu des mosquées de Malaisie, les centres commerciaux singeaient la frénésie consommatrice de nos pays d’Europe, les coutumes mexicaines et guatémaltèques ont fait de Noël une fête familiale. Pas ou peu de cadeaux, on se réunit simplement. Et tout au long du mois de décembre, on promène la crèche dans les villes et les villages. Nous en avons vues de nombreuses, vivantes, colorées, simples, mouvantes ou immobiles.
A propos d’enfants…
La veille de quitter Panajachel, nos enfants ont bénéficié d’un après-midi de jeu avec ceux du voisinage. Bombes à eau qu’ils se passaient en riant et criant, sourires, yeux illuminés, fraises partagées entre tous, photos posées ou prises… La journée fut joyeuse. L’espace de quelques minutes, les images du Népal nous sont revenues en mémoire avec Happy Holi, la fête des couleurs. Ces instants sont plutôt rares, mais à chaque endroit du monde, ils sont extrêmement émouvants et réjouissants. L’avenir du monde est là, dans ces jeux, ces sourires, ces phrases sans sujet, sans verbe et sans gêne. Merci à vous les enfants pour ces beaux moments que vous nous offrez !
Chichicastenango
Sans vouloir faire de chichi, nous dirons que nous avons moins aimé. Il faut avouer que nous avions été particulièrement gâtés à Solola deux jours auparavant. Du coup, le marché de Chichicastenango nous a paru un peu plat, voire fade. Nous retenons quand même la beauté et la vie des marches de l’église : les vendeuses ressemblent à leurs fleurs, fripées, colorées,  solennelles et merveilleuses.
 
Antigua
On se promène dans Antigua comme on feuillette un magazine de décoration. C’est joli et bien fait. Tout y est propre et léché, arrangé avec goût et cachet au point d’en être ravissant. Les ruelles sont pavées, les façades des maisons d’un seul étage sont colorées, les devantures couvertes de moulures et les églises rescapées d’une lointaine époque témoignent des divers tremblements de terre qui ont rayé la ville de la carte. On y mange à son goût, quel qu’il soit.
Le volcan Pacaya : on a eu chaud…
En grimpant surtout ! Si les enfants ont pratiquement couru en haut, Véro a particulièrement souffert lors de l’heure et demi d’ascension. Le nez complètement bloqué par une sinusite, le cœur battant dans ses tempes et la gorge asséchée et irritée par les poussières levées par les semelles des autres volcanophiles, elle a peiné à trouver son souffle. Gros coup de chapeau donc et merci à elle de nous avoir accompagnés jusqu’au sommet malgré tout !
Le volcan Pacaya est un volcan du type du Stromboli, un volcan à explosion. On peut y monter et marcher sur les anciennes coulées de lave qu’on peut parfois même voire ou sentir sous ses pieds.  
Avant d’y aller, nous avons repensé ensemble aux chimères, ce phénomène extraordinaire que nous avions pu observer en Turquie, où du gaz s’échappe de la roche en brûlant spontanément. Ici, nous espérions voire la lave. En même temps, nous espérions aussi, ne pas voir trop de lave… Résultat, nous avons vu un petit cratère qui nous a permis de nous rendre compte de l’intense chaleur qui règne à quelques 20 mètres sous nos pieds. Et puis, nous avons vu le cône du cratère central béant, littéralement écartelé par une éruption qui a eu lieu le 27 mai de cette année. A cette date, sans que personne n’ait pu le prévoir, le volcan est entré en éruption et a projeté ses produits sur une distance de plus de 100 km2, ensevelissant les villages et les plantations des indigènes. 80 personnes sont décédées. Certaines se promenaient sur le volcan, comme nous. Actuellement, les équipes d’observation, les guides et les volcanologues s’inquiètent pour le volcan Pacaya. Ce dernier montre des signes d’étouffement. Il a besoin d’air apparemment. Et quand un volcan a besoin d’air, il crache d’abord, détruisant tout ce qui se trouve aux alentours. Alors, en fin de compte, nous ne sommes pas trop déçus de ne pas avoir vu de lave.
A la place, nous admirons, au loin, le volcan El Fuego qui nous offre de belles crachées de fumées, au-dessus des nuages.
Pour nouvel-An, un nouveau monde
Nous avons choisi de débuter l’année au soleil, au chaud, en musique et dans un tout autre environnement. Le Guatemala ayant la vertu d’offrir une grande diversité, cela fut facile de trouver l’endroit et l’ambiance souhaitée : Livingston. Fief des Garifunas, peuple noir des Caraïbes, arrivés ici après avoir été expulsé de l’île St-Vincent, le village est cool, décontracté et animé. Au programme : musique, rythmes, danse et une impression d’Afrique qui nous a emballés. C’est aussi un endroit qu’on n’aurait probablement pas visité avec Casita, parce qu’accessible par bateau uniquement…
C’est donc au son des tambours et au rythme de l’Afrique, que nous avons pensé à vous tous et c’est avec l’écho de ces mêmes mélodies que nous vous souhaitons une formidable année 2011  ! Que vos rêves les plus fous deviennent un simple programme à suivre !
El Remate : lac Péten Itza
Pour poursuivre notre cure de jouvence et de remise en forme de début d’année, nous avons opté pour le petit village El Remate à l’extrémité du lac Péten Itza. Arrivés sans avoir réservé, nous trouvons finalement de la place chez « Mon Ami ». Quelle aubaine ! Nous passerons là 8 jours à ne rien faire, sinon parler français, partager, échanger, créer des amitiés, nous reposer, nous baigner, découvrir des projets et apporter notre soutien à ceux qui n’en ont pas encore, en bref, vivre, faire vivre et se laisser vivre.
En vrac, merci à Santiago (au centre sur la photo), maître des lieux et désormais notre ami pour son accueil et pour sa disponibilité. Nous nous sommes sentis chez toi comme à la maison, sans prise de tête et libres comme l’air.
Coup de chapeau, un grand merci et bonne chance à Nath et Dimitri, qui ont acquis un terrain sur la colline derrière « Mon Ami », avec vue sur le biotope pour s’y installer et créer une guest house. Votre accueil, votre intérêt et votre courage nous a stimulé. Les enfants se souviendront bien après la guérison de leurs cloques, de leur matinée passée à vous aider spontanément à défricher votre terrain. Nous nous rappellerons de nos discussions et nous réjouissons de passer vous revoir un jour, dans le pur respect de la légende locale qui veut que quiconque ayant bu de l’eau du lac y revienne sinon s’y installe… Et puis, Véro ayant profité du talent de Nathalie pour offrir une nouvelle jeunesse à son collier favori, vous serez à nos côtés chaque jour qu’elle le portera !
Merci à notre compatriote Patrick, artisan-bijoutier hors pair et père attentionné et dévoué qui a su nous offrir affection, chaleur et sourires comme il le fait pour son fils Mathieu, désormais de retour à la Chaux-de-Fonds et qui lui aussi nous a touché par sa maturité, son talent et sa générosité.
Une grande embrassée à toute la clique du Québec, deux familles avec qui nous avons passé deux journées mémorables sur le ponton, à échanger points de vue, expériences et coups de cœur. Les uns ont 4 enfants du même âge que les nôtres et les autres en ont deux tout grands de 17 et 19 ans. Tous ont apporté la vivacité et la clairvoyance, sur des questions essentielles. Emouvant et stimulant. Merci.
Merci aussi à Magy et Isabelle qui ont partagé leurs doutes avec nous. Où s’installer, que faire, comment vivre ? Au temps où plus que jamais la mobilité et la souplesse semble être les meilleurs moyens de tenir le coup dans un monde qui donne le tournis à force de s’accélérer et de se perdre par manque d’ambition sociale, lui cherche à donner à sa vie la consistance et le sens qu’il exprime dans ses chorégraphies, tandis qu’elle cherche le moyen de se défaire de ses liens sans se défaire elle-même. A vous deux, nous souhaitons bonne chance. Que le ciel étoilé du lac vous accompagne dans vos réflexions.
Enfin, à Stefan et Hannah, nous disons à tout bientôt sur les routes d’Amérique du Sud, à moins que vous ne buviez trop d’eau du lac et que vous restiez coincés auprès de nos amis qui ont choisi d’y vivre.
Dernière étape : Belize
Notre avion pour Santiago du Chili partant de Belize city, nous avons eu la chance de découvrir cette ville peu ordinaire. De la frontière à la ville, nous avons admiré la campagne, les paysages, les maisons en bois et les jardins au gazon tondu à l’anglaise. La population, essentiellement noire, nous a offert de merveilleux sourires dans notre bus touristique direct. Avec Casita, nous nous serions arrêtés quelques fois, sinon quelques jours pour mieux découvrir ce monde, ce pays. Là, nous sommes descendus du bus à Belize city, un dimanche après-midi. Avons-nous vu déjà plus glauque depuis le début de notre voyage ? Nous repassons en boucle toutes les images de notre périple, les visages rencontrés, les scènes de misère, les rue délabrées… Un voyage dans le voyage, pour nous rendre compte que Bélize le dimanche après-midi, remporte la palme du lieu le plus affligeant que l’on ait vu. Hommes et femmes ivres ou camés titubent en s’interpelant dans la rue, quand ils ne dorment pas à même le sol, en face du poste de police. Tout est fermé, même les églises. Les maisons tombent comme leurs habitants, rongées par l’usure, le soleil et la moisissure. Drôle de spectacle, parce que peu inquiétant de jour. En revanche, nous éviterons de sortir de nuit, d’ailleurs, à 21h, le dernier resto ferme ses portes, signe qu’il n’est plus l’heure d’errer hors de ses murs.
Dans notre hôtel, nous rencontrons une nouvelle famille française en voyage un an en Amérique centrale. Nos récits réciproques accompagnent le rhum de l’apéro, à moins que ce ne soit l’inverse… Découvrez-les en tapant reyjutito dans google.
Et si on parlait d'expérience ?!
Les transports
Au Mexique, les transports se font dans de grands cars, 1ère ou seconde classe. Les premiers ont des TV et des WC, les seconds sont moins chers. Le confort est similaire, les bus sont climatisés à fond, les chauffeurs plutôt prudents. En bref, grand confort.
Au Guatemala, nous avons testé les bus locaux(chicken bus), très bon marché. Ce sont des bus type « School Bus ». Ils sont magnifiques, font un bruit d’enfer et fument comment tous les volcans du pays réunis. Expérience faite, on est mieux à l’intérieur que derrière !
A l’intérieur justement, on trouve des banquettes 2 places qui reçoivent en principe 70 passagers au total. Mais les principes… En réalité, chaque banquette accueille 3 voire 4 personnes. Ensuite, on remplit l’allée centrale. Là, deux options : soit on s’assied à deux sur les genoux des numéros 4 de chaque banquette et on crée une seule banquette de10 personnes, soit on reste debout, au début en se tenant aux barres, ensuite y a plus besoin. Le plus fascinant c’est de voir le gars qui encaisse le montant dû. Large comme deux fois la largeur de l’allée centrale, tant au niveau du cul qu’au niveau du ventre, il se fraie un chemin là au milieu, sans bousculer personne. Aux arrêts, les passagers sont lancés dehors et leurs bagages avec. Les nouveaux passagers eux s’accrochent à l’extérieur en attendant un ralentissement pour entrer. Epique. Sympa.
A la montée, ça traîne. A la descente, c’est le grand huit pour 10 centimes. De la folie, mais que faire sinon respirer et rire ?
Populations
Voici quelques impressions personnelles en vrac. Nous avons aimé le flegme des mexicains, leur simplicité. Nous avons moins aimé la situation des Indiens. Ils  représentent 10% de la population et sont complètement niés sur le plan intérieur. Pas de reconnaissance, pas de représentation. En revanche, sur le plan extérieur, ils sont mis en avant, valorisés, comme une belle carte postale et attraction touristique. C’est écœurant.
Au Guatemala, nous avons été dérangés au début par l’insistance des vendeurs de rue, des boutiques. Ils s’accrochent, ils poussent, ils collent. Nous n’avions plus l’habitude de cela depuis très longtemps, peut-être même depuis l’Egypte du Sud. Puis, nous avons réalisé que sur le plan intérieur, les Indiens du Guatemala représentent environ 60% de la population. Ils sont majoritaires et reconnus. Pourtant, ils ne sont pas représentés, n’ont aucun pouvoir, aucun accès aux rangs officiels et aucune richesse. Ils ne vivent que de leurs cultures et de leur artisanat. Ca aide à comprendre.
   
Hébergements
Au Mexique, il y a de nombreuses Auberges de Jeunesse dans lesquelles nous détonnions un peu avec la clientèle habituelle, mais très sympa en général. Souvent un coin cuisine pour chauffer de l’eau ou stocker de maigres provisions au frigo. En général, les chambres sont des dortoirs de 6 lits que nous occupions à nous seuls. Parfois, on partage le dortoir avec quelques pieds qui puent. Les sanitaires sont plutôt propres et l’eau presque chaude.
Au Guatemala, même chose, mais avec des lits de qualité aléatoires. Parfois le matelas est en flan, sans arôme heureusement, mais suffisamment mou pour qu’on y risque l’étouffement par ensevelissement. Les oreillers sont apparemment censés compenser la mollesse de la literie et sont faits de sable, sinon de béton durci, offrant ainsi une position de couchage plus originale que confortable pour celui qui ose encore le garder sous la tête.
Concernant la température, nous l’avons dit, les nuits peuvent être froides pour nous ! Dire qu’en préparant nos sacs à dos, nous avions hésité entre le hamac ou le sac de couchage !! On serait bien avec nos hamacs et une simple couverture. Actuellement, nous dormons habillés dans les sacs de couchage avec 2 couvertures par-dessus ! Il faut dire qu’au Mexique comme au Guatemala, rien n’est prévu pour le froid. Ainsi, lorsque la température descend à 0 ou 5 degrés, il n’y a pas de chauffage, pas de feu de bois non plus. Les intérieurs sont crus et froids.
 
Alors ? Camping-car ou sac à dos ?
Soyons clairs : nous ne regrettons absolument pas notre choix initial ! Casita nous a manqué. Elle nous offre, outre le confort, la liberté. Durant ces six semaines, nous avons passé d’une ville à l’autre, d’un lieu touristique à un autre, au gré des transports publics. Evidemment, on pouvait sortir, aller voir plus loin, mais c’est vite compliqué à 6, chargés comme nous l’étions. Donc, on a fait de très belles rencontres, mais qui sont différentes parce que moins locales, moins indigènes. Habituellement, avec Casita, nous nous arrêtons entre deux étapes. C’est là, dans les villages, dans les zones hors circuit classique que nous découvrons d’habitude des familles dont nous ne comprenons pas la langue. Nous nous rendons compte qu’en fait ce que nous aimons par-dessus tout, ce sont ces entre-deux, le chemin qui mène d’un lieu à l’autre. Plus que la destination, nous adorons le chemin. Ce chemin qu’il est plus difficile d’apprécier en sac à dos, selon notre expérience.
Langue
Franchement, quel plaisir d’entendre parler espagnol à longueur de journée. Nous nous sommes lancés dans cette langue avec entrain et nous sommes bien accueillis. Les gens corrigent nos fautes, sans mépris, sans moqueries, mais avec attention et encouragement. Près de 30 ans après avoir appris ses premiers vocabulaires et déclinaisons en latin, Thierry comprend enfin combien cela peut être utile, notamment dans l’appréhension des langues étrangères. Les règles se ressemblent, les repères se trouvent assez vite. En tous cas, l’envie est là et depuis notre arrivée ici, nous avons rangé notre anglais. Nous ne le ressortons  que pour les heures d’école.
 
Faune
Au Guatemala, la faune sauvage est encore présente et en développement même pour certaines espèces. Le jaguar se promène dans les forêts, tout comme l’ocelot, appelé aussi le chat-tigre. Les oiseaux sont particulièrement beaux, colorés et lumineux. Nous avons vu nos premiers toucans en plein vol, absolument magnifiques. Sinon, les frégates planent des heures au-dessus des flots, prêtes à saisir la moindre proie. Au sol, ça rampe, ça grimpe. Max a vu une couleuvre lui plonger sous le nez alors qu’il s’apprêtait à piquer une tête dans le lac Péten. D’ailleurs, avant chaque baignade, nous passions quelques minutes à scruter les eaux pour vérifier que les crocodiles n’aient pas eu l’idée de changer de rive et de venir partager la même plage que nous. Enfin, les tarentules sont ici chez elles. Un soir, en revenant du village, nous en avons aperçue une qui traversait la route à 100 m devant nous. Comme elle s’est immobilisée, Thierry a voulu la chasser du pied avant que Véro n’ait le temps de prendre peur. Il a lâchement changé d’avis en mesurant la taille de la bête, plus large et plus haute que son pied.
Nous sommes loin donc de l’Asie et de ses forêts dont la faune a été éradiquée en grande partie par une population affamée de tout. Ici, la nature est protégée et les villageois ont conscience des gestes adaptés.
Autre chose ?
Ah oui ! La musique. Parlons-en encore un peu… Au Moyen-Orient, la musique est partout, tout le temps, à fond ! Au resto, dans le taxi, dans les rues, dans les bazars. A fond ! Ca grince, ça grésille. A fond ! Le soir, les oreilles bourdonnent. En Asie, ça couine et ça déraille dans des micros qui balancent des centaines de décibels de chanteurs même pas amateurs de chanson, mais d’expression libre. Quand à la musique elle-même, elle nous crispait plus qu’elle ne nous apaisait. Alors, on peut critiquer la chansonnette latino-romantique, on peut détester la musique de la salsa, on peut trouver ringard la musique italienne, n’empêche, ça reste mé-lo-dieux ! Et ça, ça rend la vie belle !
Petit clin d'oeil
Véro vient de découvrir que Max est plus grand qu'elle. La preuve par 3 !

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Chemin parcouru
Où sont nos amis ?
Ces derniers jours, nous avons reçus plusieurs mails sympas dont nous aimerions vous donner quelques extraits. Certains proviennent d’amis rencontrés en route, d’autres de voyageurs que nous n’avons pas encore rencontrés. Tous cependant, à leur manière, nous font faire un voyage dans le voyage, puisque chacun d’entre eux se trouve actuellement en des lieux que nous avons visités auparavant. Voici, en remontant dans le temps, un petit tour d’horizon des personnes qui posent leurs empreintes sur nos traces :
 
El Remate, Guatemala
Un jour après avoir quitté « Mon Ami », nous recevons un mail de la famille Roux qui nous écrit de là où nous étions la veille. Zut ! Raté de peu. Comme ils descendent eux aussi en Amérique du Sud, nous les croiserons certainement plus tard.
 
Un jour avant, nous avons aperçu au même endroit «  la Binetaventure », sur les rives du lac, sans parvenir toutefois à les intercepter. Un mail de leur par nous apprend qu’eux aussi, nous devrions les croiser plus tard.
Tulum, Mexique
Alessandro et Céline y sont maintenant. Eux aussi descendent en Amérique du Sud et nous les reverrons probablement.
 
Cambodge, Siem Reap.
Les Claventure sont dans le jardin du Earth Wlaker et sa piscine en forme de pied. Le panard !
 
Népal, Pokhara
Les Ayabombe stationnent depuis un mois derrière chez Bishnou. A quoi ressemble maintenant l’endroit entièrement ravagé par les bulldozers quand nous y étions avec Clément et Léonore ?
 
Inde, Arambol
Christina et Roland, amis rieurs, sont à Goa, où ils chantent et dansent sans relâche.
 
Soudan, lac Nasser
La famille de l’équipage Chamaco traversait le lac Nasser, il y a quelques jours. Sur le pont du bateau on a pu voir alors 2 tentes de camping déployées (souvenir !), tandis que sur la barge leur camion partageait l’espace avec de nombreux autres véhicules.
 
Suisse, Ouchy
2 jeunes vivant en camion aménagé nous ont envoyé un mail pour partager les aléas de la vie nomade sur les rives du Léman. Ils stationnent à Ouchy, là où nous avons aussi passé de nombreuses journées avant de pouvoir quitter la Suisse.
 
Suisse, Lausanne
Notre amie Camille a découvert la station Migrol de la rue du Bugnon où elle a pu faire une bise à la maman de Véro, pas encore remise de la surprise.
 
Et puis… ce message reçu d’une famille qui prépare un voyage et qui connaît justement la famille québécoise rencontrée à El Remate : nous suivons vos aventures depuis plusieurs mois, elles nous mettent l’eau à la bouche, nous rions souvent, rêvons, partageons le même goût pour la rencontre simple et joyeuse ... Bref!
ET...nos grands amis Catherine et Iain, et leurs 4 lardons reviennent du Guatemala et nous disent qu’ils vous y ont rencontré!!!! Incroyable!
 
Et Casita ?
Eh bien, malgré ses couleurs vives et sa grande bouche, elle est plutôt discrète. Elle parle peu et c’est difficile de savoir si nous lui avons manqué. Cela dit, elle va bien merci. Même très bien. Si ce shipping fut un cauchemar à organiser, il fut une merveille à réaliser. Arrivée à Valparaiso avec 1 jour d’avance, il nous a fallu 6 heures pour récupérer notre maison roulante et prendre le volant sur les routes chiliennes. Un exploit. Un succès. Un vrai plaisir. Nous l’avons retrouvée comme nous l’avions laissée… en mieux ! Le wraping a parfaitement tenu le coup et joué son rôle : pas de piscine sur le toit, une couche de sel épaisse déposée sur le plastique et pas un grain sur la cellule, des serrures huilées et plus faciles à ouvrir que jamais. A l’intérieur, l’humidité de l’Asie s’est évaporée. Ca sent bon le neuf, la maison, le propre. C’est doux. Et puis, il a fait chaud. Très chaud dans la cellule. Suffisamment pour éradiquer enfin définitivement les punaises de lit qui voyageaient encore avec nous depuis Mumbai. En bref, nous venons de réaliser un miracle !
 
Moral des troupes et programme des prochains jours
Nous sommes heu-reux ! En ce moment, nous sommes au Chili, en plein été. Les journées sont très longues, entendez que le soleil se couche à 21h45 et la nuit tombe 1 heure plus tard. Nous retrouvons les fruits de saison, abricots, fraises, pêches, avocats, raisin… Du bon vin, du bon fromage, du beau temps…
Nous profitons également de faire un grand service à Casita avant de prendre la route pour une année en Amérique du Sud : courroies, batteries, révision de l’alternateur… On vérifie tout !
En parallèle, nous avons fait les démarches pour faire réparer le chauffage Webasto, en panne depuis le Tibet. La pièce nécessaire (le brûleur) est commandée en Allemagne. En fait, elle doit être fabriquée, parce qu’il n’y en a plus en stock. Du coup, Webasto ne nous la facture pas ! MERCI !
Nous ferons aussi une halte à Santiago la semaine prochaine chez nos nouveaux amis chiliens Luis et Cecilia qui nous ont invités. Dans la capitale, nous ferons encore réparer l’écran de notre ordinateur. En bref, nos occupations sont à la remise en état de notre matériel, afin d’entreprendre ce troisième volet de notre aventure avec sérénité.
 
Programme plus lointain…
Vous êtes nombreux à demander quelle est la suite. Alors, dans les grandes lignes : descente vers le Sud du Chili, puis Patagonie, Argentine et remontée vers le Nord du Chili, Bolivie, Pérou, Equateur...
 
A suivre...
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