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Décembre 2011 : Espagne et Maroc
Depuis notre dernière mise à jour, le temps a passé aussi vite que les idées ont traversé nos esprits. Il est grand temps que nous vous narrions notre quotidien, nos hésitations, nos espoirs, déceptions et rebondissements. Les lignes qui suivent vous révèleront non seulement nos récentes décisions, mais aussi le cours de nos pensées et sentiments…
Vue sur les étoiles…
Nous terminions notre dernier récit sur une note indécise. Qu’allait devenir notre voyage, la suite de notre périple ? Nous nous sommes posé la question longuement, chaque jour, les six ensemble et avons décidé de poursuivre l’aventure. L’Afrique nous appelle depuis que nous avons foulé son sol. C’était il y a trois ans. Janvier 2009, nous étions dans les déserts d’Egypte, puis au Soudan, en Ethiopie… En quittant le sol africain à Durban neuf mois plus tard, nos cœurs étaient serrés. Nous nous étions promis d’y retourner, d’y passer à nouveau avant la fin de notre grand voyage. Visiter l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique francophone, musicale et joyeuse.
 
L’escale espagnole devait être une pause, un répit que nous nous offrions, le temps pour Casita de franchir l’Atlantique et de rejoindre le méridien de Greenwich. Nous n’imaginions pas alors nous retrouver sans toit. Depuis la vente de notre maison, Casita est notre seul refuge. Nous y sommes bien, mieux qu’à la maison. La préserver, la soigner a toujours été notre priorité. Nos choix ont souvent été dictés par notre besoin de prendre soin de notre demeure. Depuis plusieurs mois, nous savions aussi que nous continuerions de vivre dans Casita une fois de retour. Aucun d’entre nous ne veut d’une maison, d’une charge hypothécaire, de voisins fixes. Casita est devenue notre résidence principale et le restera.
 
L’incident survenu lors du transfert maritime nous a donc bouleversés. Désécurisés aussi. Ce qui ne devait jamais arriver est arrivé. Nous nous souvenons alors de nos craintes au moment de laisser le véhicule dans son container au dépôt de Montevideo : quelle route prendrait le camion transportant notre container pour rejoindre le port ? Il y a tant de ponts sous lesquels le chargement ne passerait pas. Ce serait bête de détruire la capucine… On nous avait rassurés et expliqué le parcours classique des chargements surdimensionnés. A Malaga, en regardant notre toit ouvert, nous repensons à tout cela. Nous voilà propriétaire d’un camping-car cabriolet…
 
Si Casita a pris un coup sur la tête, nous en avons pris un dans la nuque. L’accident nous a étourdis, presque abattus. Le nez dans les étoiles malgré nous, nous avions le choix. Rester les bras croisés, les yeux embués, le moral fracassé à attendre l’indemnisation qui servirait à réparer Casita ou alors puiser dans nos ressources, imaginer, espérer, essayer et avancer. Nous avons opté pour la seconde option. Avec les moyens du bord, nous avons réparé ce qu’on pouvait, comme on pouvait. Merci à Alvarro. Ainsi abrités, nous avons poursuivi sur la lancée. Nous avions besoin de nous réapproprier notre véhicule, nous retrouver chez nous, dans un espace clos, sécurisé, intime.
Soutien moral
Nous avons reçu de nombreux mails de soutien, certains d’entre eux nous tirant les larmes des yeux. Parmi ceux qui nous lisent régulièrement, nous avons découvert une nouvelle fois des trésors de générosité, d’amitié et de disponibilité. Famille, amis et inconnus nous ont soutenus immédiatement. Merci à ceux qui nous ont proposé leur véhicule pour reprendre la route, merci à vous qui avez trouvé les mots justes pour nous témoigner votre confiance, merci encore aux autres qui se sont empressés de se rendre disponible si nous en avions besoin.
 
Et puis il y a eu ceux qui étaient tout près et tout prêts à venir nous serrer dans leurs bras. Roland et Christina, le couple suisse rencontré à Pokhara au Népal. Comme souvent, ils passaient l’hiver en Espagne. Quand ils ont lu notre dernière mise à jour, ils étaient à Granada à 100 km de Marbella. Le jour même, ils ont repéré le camping où nous logions et nous ont envoyé un mail annonçant leur prompte arrivée. Nous ne pouvions pas rêver mieux que nos amis rieurs pour relever pareille épreuve. Rire aux lèvres, yeux humides, bras ouverts, ils ont débarqué à bord de leur camping-car Alelouya et se sont installés à deux pas de notre bungalow. Les avoir à nos côtés fut merveilleux. Chaque soir, nous partagions un repas commun que nous préparions à tour de rôle. Ne pas avoir à cuisiner un jour sur deux nous a libéré beaucoup de temps. Déguster le gratin de patates de Roland, les truffas du Mercadona, les salades de Christina, nous a remonté le moral. Ensemble, nous parlons françaispagnol ou allemanglais. Leur joie de vivre et leurs idées nous ont inspirés. Nous discutons séminaires, physique cantique, amour, paix, écriture, musique. Nous partageons nos découvertes, nous décernons nos prix au peuple le plus joyeux, à l’idée la plus loufoque, à l’entreprise la plus ludique, aux idées les plus originales. En bref, chaque soir, nous laissons les soucis reposer où ils sont et nous nous offrons des veillées chantantes, arrosées de Sangria, rythmées de tralala et sans autre falbala. A quelques reprises, nous nous rendons tous sur la plage, célébrer le coucher de soleil comme à l’époque de Pokhara. Réconfort, enthousiasme, complicité sont les carburants dont nous nous abreuvons chaque soir, pour mieux reprendre le travail le lendemain…
Pour pendre la crémaillère avec ceux qui nous ont soutenus sur place, nous organisons une lasagne party dans Casita avec Roland, Christina, Manu (l’animateur du camping) et sa compagne Emma, l’occasion aussi de les remercier de leur invitation une semaine plus tôt.
Chantier enchanteur…
Vu l’ampleur des travaux à effectuer, la direction de notre école réunie en pleinière en présence de Véro, Thierry et de l’assemblée des élèves a voté la dispense scolaire pour la durée du chantier. Par conséquent, dès le réveil, nous oeuvrons dans Casita. Au programme : boisage des plafonds et parois, changements des placards, des tables, des portes et du plan de travail de la cuisine, pose de nouveaux luminaires, décoration des parois, changement des tapis, etc. Les équipes de travail s’organisent : Sam aide Thierry à la pose du lambris, Max travaille avec Véro à la mesure, découpe et pose des tapisseries, Loane et Zoé se chargent du ponçage des lames de bois, portes de placards et autres pièces de bois. On vernit, on coupe, on scie, on cloue, on agraffe… Durant sept jours, toute la famille s’implique dix heures par jour dans la rénovation et la remise en état de Casita. Ceux qui habituellement rechignent à faire leur part du ménage hebdomadaire sont les premiers debout le matin, outils en main, sourires aux lèvres, résolus à donner bien davantage qu’un coup de main.
Au terme de ce marathon, la famille est épuisée, mais comblée. Les larmes coulent, les gorgent se nouent. Devant le résultat, l’émotion est intense. Nous avons accompli un travail hors du commun. L’espace d’un instant, nous nous rappelons les épreuves du départ, c’était en 2008, notre vieille Léonie venait de rendre l’âme et nous n’avions plus rien, sinon l’espoir et l’envie de faire ce voyage. En cette fin d’année 2011, au Sud de l’Espagne, nous éprouvons le même émerveillement devant nos aptitudes à faire front commun face à l’adversité. Nous avons été bluffants, comme le relève fièrement Véro.
Pour Noël, le challenge sera de trouver le moyen de s’isoler… Depuis notre arrivée au Maroc, nous sommes effarés par le nombre de camping-cars installés un peu partout. Comme au camping Cabopino de Marbella, certains sont décorés de guirlandes lumineuses voire de Père Noël gonflable montant la garde devant la porte et témoignant de l’immmobilisme de ces maisons roulantes venues passer cinq mois au soleil et au chaud.
En route !
C’est un mercredi, jour des voyageurs, que nous reprenons la route, direction le Maroc et l’Afrique de l’Ouest. Loin de nous reposer, nous avons un nouveau défi à relever : une équipe de journaliste nous rejoint le 21 décembre pour passer 4 jours avec nous pour un reportage sur le thème du « Noël des familles nombreuses » qui sera diffusé à Noël 2012 sur TMC. C’est un autre stress qui nous gagne, celui de savoir où aller et où nous poser pour notre Noël. Nous décidons de nous laisser porter et de voir venir, tout en émettant le vœu de trouver un endroit tranquille, isolé et sécure pour fêter en toute simplicité comme nous aimons le faire depuis notre départ sur les routes du monde.
 
Ambassade de Mauritanie à Rabat
Aux abords de l’ambassade, la ruelle est encombrée. Des dizaines de véhicules stationnent là, le temps de recevoir les visas. C’est un véritable hameau qui se développe, chacun dormant dans son véhicule, pour la plupart une voiture, une vieille renault, un fourgon. La foule est hétéroclyte : français, burkinabé, malien, sénégalais, ghanéens, suisses, autrichiens… On discute, on se tape dans le dos, on se taquine, chacun y allant de sa méthode pour passer le temps et chasser l’angoisse. Car elle se sent chez tout le monde. Traverser la Mauritanie représente un risque dont chacun est conscient. On s’échange les bons tuyaux, les dernières infos.
De notre côté, nous invitons David et ses trois enfants à manger et dormir dans Casita. Ils prévoient le voyage jusqu’au Burkina en trois jours, se reposer correctement leur sera nécessaire. Les enfants acceptent, David dormira quand même dans la voiture. Le temps d’une soirée en leur compagnie nous sommes au Burkina. Nous aimons leur humour, leur sens de la vie, de l’honneur, de la famille.
 
Les deux jours passés devant l’ambassade de Mauritanie nous permettent de nous replonger dans le voyage, les rencontres, l’insolite. Nous aimons ces ambiances, ces échanges vifs. Il n’y a pas de doutes, nous allons nous régaler dans cette partie de l’Afrique qui nous attend.
Autre rencontre
A Essaouira, nous recevons la visite surprise de Arnaud, Caroline et leur fille Rose. Ils sont de retour d’un périple en Amérique, interrompu par la douane américaine leur refusant une troisième entrée sur le territoire US. Du coup, ils profitent du bon et du beau temps au Maroc. Leur véhicule est quant à lui resté au Canada et attend un acquéreur, avis aux amateurs. Pour plus d’info, voici l’annonce sur leur site : http://parcibyla.blogspot.com/p/van-vendre.html
Reportage TV
Cecilia et Nikola sont super sympas. Heureux de fêter Noël en notre compagnie, loin du faste et du stress de la capitale, ils nous suivent durant quatre jours caméra sur l’épaule et perche tendue, posant des questions de temps à autres et saisissant l’instant sans nous presser. Nous nous sentons libres de vivre à notre guise, la caméra et les micros se faisant vite oublier, même à l’intérieur de nos dix petits mètres carrés. Les questions qu’ils posent nous font réfléchir à l’avenir, prendre conscience du passé, mesurer ce que nous avons réalisé et profiter de ce que nous avons. Un immense merci à tous les deux pour les beaux moments passés ensemble.
 
Nous fêtons l’anniversaire de Loane à Essaouira, une ville que nous aimons beaucoup. A l’extérieur de la Medina, nous bivouaquons sur le grand parking du port, avec plusieurs autres camping-cars.
Noël
C’est à Massa, au Sud d’Agadir que nous trouverons le bivouac idyllique pour notre Noël en famille. Tandis que nous étions perplexes devant le camping débordant de camping-cars plus blancs que neige, Hassan aborde Véro et lui demande l’objet de sa quête. Très vite il comprend notre désir et nous indique un endroit à cinq kilomètres de la bourgade. Il nous y guide et se propose de monter la garde pour nous si nous avons peur :
« Si kilq’un ki vient, ji li casse la goule ! » Nous rions et le libérons pour la soirée. On se regarde, un coup d’œil vers Cecilia et Nikola : c’est trop parfait, au milieu de rien, loin de tout, nous surplombons la mer. Au-dessus de nous, le ciel s’illumine lentement d’étoiles dont le reflet ne tarde pas à éclairer nos regards. Ca pue le bonheur à plein nez autour de la plaque à crêpes. Merci Papa Noël de nous avoir entendu et offert un coin de paradis pour ce Noël exceptionnel.
Dakhla…
… Dirla dada… Y a du soleil, y a peu de nanas… Dakhla, dirla dada… On va se mettre du sable jusque là… Dakhla Dirladada…
Nous voilà en plein désert, au Sud du Sahara Occidental, dernière escale marocaine avant d’entrer en Mauritanie. Depuis quelques jours, nous sommes tendus, anxieux. Les nouvelles concernant la Mauritanie et le Mali nous inquiètent. La traversée de la Mauritanie semble risquée et le Mali aussi. Nous avons envoyé quelques emails à d’autres voyageurs avec expérience de cette partie de l’Afrique. Nous cherchons à nous rassurer. L’envie nous vient de trouver un autre équipage, ou deux, ou plus… Rouler à plusieurs pourrait nous sécuriser. Sur internet, nous farfouillons dans Google pour y dénicher des informations plus claires sur la situation réelle du Sahara et du Sahel. Quels sont les risques en fait ? Quelles sont les cibles des enlèvements, les buts des ravisseurs ? Avant d’arriver là, nous ne savons pas grand chose, sinon qu’il y a des zones à éviter absolument et des mesures de sécurité à observer strictement. Soit. Nous savons tout cela, nous connaissons l’itinéraire à suivre. Cependant, même le meilleur tracé n’évite pas complètement la partie dangereuse. Les questions fusent dans nos esprits. Google livre ses infos :
« Le Mali prend ses distances avec le front Polisario… Il y a un mois un policier Mauritanien a été kidnappé dans un poste de police par un comando de Aqmi… Aqmi = Al-Qaïda du Maghreb Islamique… Polisario = mouvement indépendantiste des Saharouis, revendiquant l’indépendance du Sahara occidental… La Mauritanie et le Mali viennent d’entrer dans la liste des pays à plus haut risque d’enlèvement, rejoignant ainsi l’Afghanistan, le Pakistan, la Somalie… Le Polisario et Aqmi se rapprochent… Les cibles des enlèvements sont les européens… Depuis octobre 2010, environ sept européens se sont faits enlever en Mauritanie ou au Mali… »
 
En longeant la plage à la recherche d’un équipage, nous trouvons Audrey, Nicolas et leur fille Zoé de sept ans. Ils sont là depuis 4 jours, ils attendent de rencontrer un équipage pour les accompagner en Mauritanie. En quelques minutes, nous échangeons nos plans, nos craintes… Pas envie de traîner en Mauritanie, ni au Mali… On traverse, c’est tout. Vous roulez à combien ? Ca va. Le véhicule, il est dans quel état ? Bien. Vous transportez quoi ? Bon. Combien de temps ? Nous aussi. Votre parcours ? Nikel. On part quand ? Après-demain, parfait.
 
Le lendemain, nous allons réparer la valve du pneu arrière. Nous l’avions déjà changé la veille, mais elle perd à nouveau. Nous passons une nouvelle fois sur internet. Surprise ! Notre site est introuvable. Nous ne pouvons pas non plus relever nos mails. Du coup, pas de réponses à certaines de nos questions. Serveur introuvable. Bizarre… C’est comme si nous avions disparu de la surface… Nous reprenons Casita pour rejoindre nos amis sur la plage. 10 km, pneu plat. Toujours la même valve, que nous venons de changer pour la seconde fois. Retour. Cette fois ça doit aller…
Frontière mauritanienne
Le jour convenu nous roulons les 350 km qui nous séparent de la frontière. Casita ne se dégonfle plus. C’est déjà bien. Arrivés sur place, on s’installe pour la nuit, nous prévoyons de passer la frontière de bonne heure le lendemain. Sous le moteur, de l’eau. Nous ouvrons le capot. Fuite du radiateur. Casita transpire, dit Max. Elle aussi a peur je crois… Par chance, il nous reste une boîte de poudre magique pour radiateur. Nous la versons dans le réservoir du liquide de refroidissement et laissons tourner le moteur une heure. Plus rien, c’est sec. Tout est prêt pour demain. Toc-toc. Il faudrait vous déplacer pour la nuit et vous mettre déjà dans la queue. Soit. Sauf qu’au moment de mettre le moteur en marche, pas de réaction. La batterie ne répond pas. Ce ne sera finalement qu’un faux contact… mais quand même, c’est bizarre.
En nous couchant, nous ne pouvons nous empêcher de penser à la veille de notre départ pour le Tibet. Là aussi, le radiateur avait fui… Casita nous avait alors mis en garde. C’est plus tard, sur les pentes vertigineuses de l’Himalaya que nous avions compris le message.
 
Au petit matin, Thierry et Véro réalisent qu’ils n’ont pas mieux dormi l’un que l’autre. Véro pleure. Elle raconte son rêve. Thierry tait le sien. Cela fait une semaine qu’il fait le même genre de rêve éveillé, sans parvenir à se raisonner. Tantôt il imagine agir en héros, tantôt il se sait lâche. Les deux parents se regardent. Est-ce qu’on veut vraiment prendre le risque ? La réponse est claire : nous voulons voir cette partie de l’Afrique, mais pas prendre ces risques là. Et nos amis ? On ne peut pas les lâcher ! Si. Nous n’avons pas de visa de groupe cette fois, nous sommes libres de nos choix. Il suffit de leur expliquer. Mais voyons d’abord avec les enfants…
 
Quelques minutes plus tard, Thierry, désolé, annonce la décision familiale à Audrey et Nicolas. Ils comprennent. Leur ouverture et le respect dont ils font preuve pour notre choix nous soulage. Nous restons une partie de la matinée avec eux. Ils attendront là un autre équipage. Nous échangeons quelques cadeaux, plusieurs bonne chance et reprenons la route en sens inverse. Sur le chemin du retour, le voyant des freins s’allume. Thierry ne l’avait pas remarqué à l’aller. Une fois à Dakhla, le voyant s’éteint… Casita aussi semble satisfaite de notre décision.
 
Trop de signes. Trop de stress. Trop d’incertitude. Aucune envie surtout de prendre des risques. Aucune envie de regretter. Aucune envie de tout gâcher. Envie de profiter…
 
Et alors ?
Il faut une bonne journée à Véro pour digérer et se détendre. La tristesse qui l’envahit est lourde. La déception au moment de faire demi-tour est immense, autant que l’était l’envie d’y aller. Devant elle, c’est aussi le chemin du retour qui se présente désormais, pas vraiment la fin du voyage, mais plus vraiment les grandes découvertes qu’elle affectionne tant. Les enfants sont tout à la fois soulagés et déçus, leur plus grande crainte étant que l’un d’entre nous regrette cette décision. Pour Thierry, c’est un soulagement immédiat. Pour la première fois depuis longtemps, il se trouve avec du temps devant lui sans rien de prévu, de l’espace, de la liberté. Il sait qu’il en profitera pour rédiger le livre du voyage, trier les images et monter le film avec Véro, préparer les conférences et se rendre disponible pour l’école des enfants et la préparation des examens de Max. Pour lui, renoncer à l’Afrique pour l’instant, c’est se donner les moyens de réussir la rentrée et d’en profiter. Tout le monde est d’accord. Il reste néanmoins un goût d’inachevé pour tous les 6. Une envie inassouvie, une odeur d’Afrique non humée, une terre non foulée…
 
Autour de la table, nous nous faisons une promesse, solennelle. Peu après, les ondes s’entrechoquent dans les esprits, des idées nouvelles émergent, d’autres rêves naissent…
Dakhla, dirla nous revoilà…
De retour à Dakhla, nous fêtons Nouvel-An avec une pizza à l’emporter. Il n’y a rien à oublier de l’année écoulée et rien à se promettre pour l’année à venir, tout est déjà là, ancré dans nos cœurs et nos têtes.
 
Max et Thierry profitent de ces quelques jours de répit pour s’initier au kite-surf. Une manière aussi de transformer la déception en une opportunité.
 
Le 1er janvier, Nicolas et Audrey sont de retour à Dakhla aussi. Ils ne la sentent pas eux non plus. Sur internet quelques jours plus tard, nous apprenons le rapt de deux français enlevés autour du 3 janvier dans le Sahel malien, sur la route que nous aurions du emprunter. Sur la plage de Dakhla, les rencontres se multiplient. Tout d’abord cet homme entré en Mauritanie la semaine dernière et revenu en arrière un jour plus tard. Et puis, papy et mamy, un couple qui effectue le voyage en Afrique de l’Ouest une fois par année depuis 2006, notre référence sur ce parcours. Eux aussi, connaissant des pannes successives, se posent des questions sur le sens à donner à ces signes. http://papyetmamyenvoyage.kazeo.com/
A suivre
Bientôt Thierry et Max devraient tenir sur leur planche de kite… et toute la famille reprendre la route vers le Nord, au fil des projets et envies qui naîtront jour après jour sur le chemin de l’heureux tour…
Le Maroc
C’était en 2005. Nous avions visité le Maroc en cinq semaines, en voiture avec une tente de camping. Nous étions tombés sous le charme du pays. Pourquoi ? Parce qu’à peine franchi le détroit de Gibraltar, on entre dans un autre monde, un monde qui grouille, qui vit, qui fait du bruit. Loin de l’univers aseptisé que nous connaissons, le Maroc offre une terre riche, suave et presque vierge. Les gens y sont généreux et aimables, serviables et accueillants. En y revenant après trois ans de voyage autour du monde, nous retrouvons tout cela intact. Par instants, le Maroc nous rappelle l’Inde, le Moyen Orient.
Dakhla, dira ce qu'on voudra...
En ce moment, à part l’école qui continue, nous sommes comme en vacances. Et nous ne sommes pas les seuls. Au Maroc, ce sont des centaines de camping-caristes qui débarquent chaque hiver, pour la plupart de France, Italie et Allemagne, les anglais et nordiques squattant les campings d’Andalousie.
Les retraités se regrouppent dans des campings ou sur des aires pour camping-cars libres. Certains s’éloignent des autres, de quelques centaines de mètres.
A Dakhla, il existe une aire de camping sauvage libre et gratuite. L’espace y est vierge à l’origine, sans infrastructures. On y trouve une centaine de camping-car. En parcourant le site, on découvre la réalité de l’Europe Unie : les vacanciers se réunissent par pays, des barrières séparant la zone des uns et des autres. Chacun s’installe confortablement et dresse autour de son chez-soi un rempart. L’ambiance est maussade : on se bronze en silence, on regarde la télé, on oriente sa parabole, nettoie son panneau solaire, époussette son intérieur, sort son chien en même temps que sa cassette de chiottes qu’on verse dans une immense déchetterie à ciel ouvert. A l’entrée du site, un vaste trou reçoit les ordures et excréments de tous les campeurs qui résident là cinq à six mois. Certains d’entre eux tirent derrière eux une remorque frigorifique emplie de vivres du terroir en suffisance pour tenir le siège du soleil. On n’entend ni rires, ni pleurs, seul le vent laisse entendre le son de sa voix. Le calme est de rigueur, on n’est pas là pour s’amuser, mais pour profiter sérieusement du soleil.
Tout cela a quelque chose de lugubre. Où sont les échanges culturels, où sont les apports pour les populations locales de cette colonisation saisonnière ? Ce qui choque parfois, c’est la manière dont ces visiteurs se tiennent à l’écart de leurs hôtes contraints de tolérer leur présence sans avoir beaucoup en retour…
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