Les geysers del Tatio
Progressivement résolus à faire de nos vacances dans le désert un séjour balnéaire, nous avons visé de nouveaux bassins, d’eau termale cette fois-ci ! A 4'200 mètres d’altitude et à 90 km de San Pedro de Atacama, nous avons passé l’après-midi à barboter dans une piscine naturelle emplie d’eau à 40°C par endroits. Absolument seuls encore une fois, nous avons pris notre temps et notre pied !
Il faut dire que la baignade se mérite. La route qui mène à Tatio est en effet longue et mouvementée, même si une fois de plus les conseils d’un chauffeur de collectivo furent judicieux. En effet, là où la route se sépare après les 27 premiers kilomètres, nous avons pris la direction de Machuca au lieu de celle de Tatio. La route y est nouvelle et facile jusqu’au village de Machuca. Là, un passage à gué impressionnant mais sans difficulté marque la fin de la route asphaltée et le début de la piste en tôle ondulée. Il reste alors 40 km à parcourir, dans un cadre somptueux fait de cîmes enneigées, de troupeaux de lamas et paysages finalement assez changeants.
Les excursions classiques prévoient l’arrivée sur le site à 6h du matin, heure à laquelle les geysers sont censés jaillir à quelque 10 mètres. Puisque nous étions sur place, nous avons passé la nuit là-bas, une nuit qui fut longue, l’altitude troublant franchement le sommeil. Sans parler de la température qui chute à -5°C à l’extérieur et 9°C à l’intérieur. Au petit matin, le spectacle est plutôt désolant. Une cinquantaine de minibus envahissent les lieux, laissant tourner leur moteur et déchargeant des centaines de touristes aux mines endormies et visages blêmes. Des tables se dressent, garnies de café et gourmandises en guise de petit-déjeûner, chaque tour-opérator cherchant à dénicher le meilleur endroit pour ses clients. Deux heures plus tard, les bus s’en vont et s’aglutinent autour de la piscine thermale… Beurk ! Nous en profitons pour photographier les geysers au calme et pour nous féliciter d’être venus ici la veille, par nos propres moyens. En fin de compte, le spectacle des geysers est bien plus séduisant après le lever du soleil.
Sur le chemin du retour, une nouvelle surprise nous attend. Tandis que nous arrivons à quelques encablures de Machuca, Thierry sent son pied partir bizarrement au fond lorsqu’il appuie sur la pédale de frein. Par chance, la pente est faible et Casita s’arrête. Un rapide coup d’œil permet à Max et Arthur de découvrir une fuite à la hauteur de l’essieu arrière. Après investigation, nous découvrons que le conduit de liquide de frein est perforé. Les nombreuses pistes ont provoqué un frottement entre le tuyau rigide et un autre en caoutchouc. Une vaine tentative de réparation nous contraint à démonter le tuyau avec l’aide d’habitants du village, puis à prendre la direction de San Pedro de Atacama à 60 km de là, pour y faire boucher l’orifice par soudure.
Max, Arthur et Thierry embarquent donc dans un pick-up, laissant les autres patienter sur place avec l’espoir d’une réparation rapide, car personne n’a envie de passer une nouvelle nuit à plus de 4'000 mètres. La partie la plus dangereuse de cette mésaventure ne fait alors que commencer.
Nous avions observé depuis notre arrivée au Nord du Chili que les bords des routes sont ornés de pierres tombales et autres croix, rappelant combien de personnes sont mortes dans un virage manqué. Notre descente en pick-up nous permettra de comprendre… Nous dévalons la pente bien plus vite que nous ne l’aurions fait avec Casita sans freins ! Lancé à 120 km/h, la voiture suit la route en occupant toute la chaussée en fonction des courbes et sans prêter attention à l’éventuel croisement qu’il faudrait effectuer. Pire, sur le trajet du retour, tandis que tous les trois nous nous accrochons comme nous pouvons et rions nerveusement, le chauffeur nous désigne des lieux d’accidents tous les 5 virages, qu’il passe allègrement à 100km/h, à la limite du dérapage !
En 15 kilomètres, nous avons croisé 3 voitures. Notre chauffeur le remarque et précise : « Beaucoup de circulation aujourd’hui, c’est à cause de Pâques. » C’est alors que nous comprenons que cette route est la sienne. Habituellement, il est seul à l’emprunter à cette heure. Il nous faudra redoubler de prudence en descendant avec Casita, nous serons un obstacle inattendu…
De retour à Casita, il fait nuit, la température est tombée à 4°C. Pas question de dormir là ! Thierry remonte le tuyau, mais il ne sait pas comment purger… Un petit test le rassure : les freins fonctionnent parfaitement si l’on appuie fort. On peut donc rejoindre San Pedro en roulant lentement. Ce sera chose faite, après une très longue descente au frein moteur. Le lendemain, c’est dimanche. Dimanche de Pâques ! Pourtant, nous appelons M.Détraz, chef d’atelier d’un garage Iveco en Suisse… « Vous ne me dérangez pas du tout » rassure-t-il, avant d’expliquer précisément la procédure à suivre pour faire sortir l’air du tuyau réparé. Depuis le début du voyage, M. Détraz nous a souvent dépannés par téléphone, chaque fois avec patience et efficacité. Nous le remercions ici chaleureusement pour ses conseils et nous réjouissons de le rencontrer, une fois de retour, parce que nous ne le connaissions pas avant de partir… C’est un de ces miracles du voyage !