Bobo Dioulasso
La ville de Bobo est réputée pour sa vie culturelle et nocturne. Contrairement à la capitale très administrative et politique, elle respire et vibre. Plus arborisée, elle offre un environnement plus doux et moins hostile que Ouaga. Cela n’empêche pas la poussière de se lever entre chien et loup et de se mêler aux fumées. Chaque soir, les feux s’allument, pour brûler les déchets ou préparer les mets. L’air pique alors les yeux et les bronches s’irritent, comme dans chaque ville africaine.
Nous trouvons très rapidement un lieu où nous poser, grâce à l’intervention d’un rasta qui nous aborde après nous avoir repéré le nez dans les guides. La Villa Rose est tenu par un couple hollando-malien. Ils nous accueillent à bras ouverts et nous laissent nous installer dans le jardin d’une villa blanche qu’il loue à côté de la partie centrale de l’hôtel. Cela nous offre une parfaite autonomie et un confort très appréciable : WC, douche, frigo, cuisine, prises électriques. Baloo passe à merveille sous les manguiers, auxquels nous accrochons aussitôt les hamacs. Nous avons l’intention de passer du bon temps ici !
En plus du côté sympa du bivouac, nous avons désormais des colloc’ qui logent eux dans les chambres de la villa blanche : Mathilde et Antoine font un stage de journalisme de 4 mois à Bobo et Sophie passe ici 3 semaines de vacances loin de Paris. L’ambiance est chouette, simple et décontractée.
Au fond du jardin, une maisonnette abrite « Moumouni », un hollandais exilé au Burkina la veille de sa retraite. L’homme est affable et original. Il lie de nombreux liens dans la région et partage sa vision du monde et de la vie avec plaisir. Maniant l’humour caustique avec habileté, il laisse entrevoir ses failles et désillusions sans s’y attarder.
La Villa Rose possède une autre villa à louer. C’est Koko Djembele, célèbre musicien et chanteur reggae malien qui y loge avec son groupe. Les plus vaillants d’entre nous (les autres sont malades…) iront le voir en concert à deux reprises dans la ville. Ambiance chaude et tendue la première fois, en raison de deux policiers engagés pour maintenir la scène visible pour le public assis, alors qu’une trentaine de fans souhaitent chanter et danser au son de la musique à l’esprit communautaire : on siffle et proteste dans le public, contre les danseurs indisciplinés et contre les policiers zélés. Le deuxième concert est plus autrement plus décontracté et bon enfant.
Comme nous sommes voisins du groupe, Thierry profite de l’occasion pour interviewer Koko et Issa, le bassiste au rire enchanteur, sur leurs rêves respectifs. Ca déménage ! Il y a dans leurs voix, leurs yeux et leurs sourires une énergie capable d’éradiquer les guerres du monde entier !
Même chose avec Moktar et Franca les patrons hyperactifs de la Villa Rose. Elle s’engage pour les femmes burkinabé : alphabétisation, éducation, mini-crédits, scolarisation… Franca agit sur tous les fronts. Moktar a quant à lui créé un centre de formation professionnel technique (mécanicien, menuisier, maçon, etc.) et développe pour l’avenir un centre de formation aux métiers de l’agriculture et de l’élevage durables. En parallèle, ils ont investi leur énergie dans la construction d’une nouvelle Villa Rose, un hôtel avec 17 chambres sur un terrain d’un hectare qui doit ouvrir ses portes à l’heure où paraissent ces lignes !
Bonne nouvelle : Ida, la réceptionniste au regard et sourire d’ange fera partie du personnel de la future Villa Rose, comme tous les employés actuels. Il faut dire que Moktar et Franca ont créé une équipe hors norme, disponible, souriante et chaleureuse.
Nous sommes extrêmement bien entourés à la Villa Rose et cela nous aide à traverser les maladies. Un immense merci à tous ceux qui nous ont soutenus sur place, merci pour votre accueil, votre présence, votre élan, votre enthousiasme, votre générosité, vos conseils… Merci pour tout.
Merci aussi aux Bobolais pour leur serviabilité et générosité, toujours prêts à nous rendre service, nous dépanner, prêter une moto, nous transporter ou livrer un petit truc sans jamais ne rien demander en échange.
Lors de notre second passage par Bobo, nous assistons à quelques spectacles de danse organisés dans le cadre du festival international de danse, offrant une grande variété de prestations, des danses traditionnelles africaines ou javanaises aux interprétations contemporaines du monde entier.