Boulot
Les craintes étaient nombreuses au retour pour Thierry. Saurait-il encore faire ? Pourrait-il écouter et accompagner les personnes en recherche d’emploi ? Aurait-il l’endurance nécessaire ? Serait-il assez ouvert et disponible ? Après la première journée d’animation, la réponse est limpide : le boulot, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Mais sans l’avoir pratiqué depuis longtemps, ça fait mal au c… Concrètement, Thierry a retrouvé ses marques sans la moindre difficulté, les réflexes, les bonnes questions, la sensibilité, la confrontation, l’inspiration et la tendresse pour les participants. Le cours qu’il anime s’adresse aux chômeurs, aux abîmés de la vie, des personnes au parcours laborieux ou cahotique, parfois sans repères, souvent blessées par des accidents de parcours ou des traitements injustes. Le but du séminaire : reconstruire la confiance. Un beau programme, soutenu par un processus puissant et magique. En cinq jours, les gens retrouvent la maîtrise de leur vie. A partir de là, c’est à chacun de jouer.
Ce qui a bouleversé Thierry, c’est la complexification des situations. Il y a 4 ans, les participants avaient connu un burn-out, un mobbing, un divorce, un décès ou une maladie et peinait à s’en remettre. Aujourd’hui, tout se mélange et sur 10 participants, 3 ne savent pas où dormir le soir. En Suisse. Dans l’appartement de votre voisin. Difficile à admettre.
Autre difficulté : faire face à la méfiance de certains membres de l’équipe. Certes, Thierry s’était préparé aux commentaires, il avait imaginé qu’il faudrait un temps pour faire connaissance. Il pensait aussi que certains verraient de travers son idée de partir 4 ans autour du monde. Mais il n’imaginait pas à quel point cela rendrait la rencontre impossible avec certaines personnes. C’est peut-être ça le plus douloureux au retour. Se réjouir des nouvelles rencontres et se trouver devant porte close.
Aujourd’hui, avec son associé Roberto, ils ont décidé de revenir ensemble à la base de l’entreprise en déléguant la direction à l’une des collaboratrices. Ils oeuvrent à la réorganisation, en développant un fonctionnement offrant à tous la marge de manœuvre dont ils ont besoin. Thierry veut vivre de manière nomade. Roberto veut composer et se ressourcer. L’équipe et les clients veulent du bon boulot. Un vrai challenge. Un casse-tête au début. Un chef d’œuvre peut-être à l’arrivée. Durant l’année à venir, ils expérimenteront le système. Mais déjà, ils sont satisfaits du chemin parcouru depuis avril passé.
A l’école
Les enfants ont commencé le CNED. Dès les premiers jours, ça a été l’euphorie dans la classe. Chacun recevait son nouveau matériel, des notes explicatives, des délais pour remettre les évaluations, des numéros de téléphone pour contacter les professeurs, un accès internet sur la plate-forme des élèves et d’innombrables autres détails et astuces. Première surprise pour Max : il n’a aucun délai à respecter sinon celui impératif du 31 mai, date à laquelle il doit avoir remis toutes ses évaluations ! Le principe est simple donc : au-to-no-mie ! A l’inverse, pour Zoé, les délais sont fixés régulièrement, le rythme de travail aussi et Véro passe davantage de temps à ses côtés. Zoé s’enthousiasme en découvrant les cours de musique et d’arts graphiques. Les autres perdent patience en écoutant la cadette enregistrer laborieusement sa chanson pour les évaluations envoyées ensuite par internet.
Dès les premières évaluations, le ton est donné : il va falloir s’adapter aux exigences et aux attentes des nouveaux profs. Rapidement, les quatre enfants trouvent leurs marques. Nous avons opté pour 5 heures d’école chaque matin, ainsi les après-midi sont libres. Concernant les vacances, nous les prendrons lorsque tous auront suffisamment d’avance sur le programme. En bref, la transition s’est faite sans encombres et parents et enfants sont satisfaits, même s’il est vrai que les méthodes très scolaires et souvent rébarbatives ont tendance à hérisser quelques poils. La liberté que laisse le système suffit à consoler les plus grincheux.