Edito
Les anciennes colonies
Cela fait plusieurs années que nous faisons le même constat en silence, une sorte d’évidence qui saute aux yeux quand on passe régulièrement d’une ancienne colonie française à sa consoeur britannique ou inversement. Loin de nous l’envie de faire l’apogée d’un système par rapport à l’autre. Pas envie non plus de généraliser abusivement. Pourtant, il y a entre les unes et les autres des différences qui frappent et qui font écho aux enseignements qu’on tire au fur et à mesure des voyages et des expériences de la vie.
Grenade est une île autonome, équilibrée et fière de l’être. Son appartenance au Common Wealth lui offre des opportunités d’échanges et de développement dont elle profite, tout en nourrissant son propre système politique, son propre système éducatif et sa propre culture. Comme nous le disions du Ghana en 2014, il fait bon vivre dans ce pays où chacun travaille, s’engage et croit en ses chances de succès. Les transports publics, assurés par des minibus privés, sont efficaces et en parfait état. Les investisseurs sont accueillis et attirés par un gouvernement qui reste attentif à l’équilibre intérieur : université, complexes hôteliers écologiques et autres projets d’envergure sont étudiés et développés dans le respect des normes et des intérêts publics.
En comparaison, le système du territoire d’outre-mer tel qu’on a pu le vivre en Martinique, où nous avons passé le même temps, semble à la dérive, empêtré dans des rancoeurs sociales et des normes européennes inadaptées à sa réalité. Les solutions, censées venir de France et d’Europe, tardent à émerger et remplissent rarement leurs rôles. On en veut pour preuve les transports publics tellement inefficaces qu’ils semblent inexistants et l’absence de cultures maraîchères diversifiées comme de ressources locales.
Ce qui nous frappe toujours plus, c’est la relation directe qu’on observe entre les politiques nationales et les fonctionnements familiaux : là où l’état s’occupe de tout, les gens manquent d’élan et d’autonomie. Ou est-ce l’inverse ?
Ce qui est sûr, c’est qu’une éducation développant le sens des responsabilités plutôt que l’esprit de victime offre à son pays de meilleures perspectives.